Victoires 2018 : une édition rassurante pour la filière musicale

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A l’instar du paysage musical, la cérémonie des Victoires de la musique se renouvelle. Les prémices d’une telle orientation s’étaient manifestées en 2017 avec les Victoires remportées par Jain, véritable révélation de l’année 2016 mais également par Vianney, Radio Elvis, Jul ou encore Calypso Rose, tous signés au sein de labels indépendants. Et l’édition 2018 a comme attendu confirmé l’appétence du public pour les artistes autres que ceux étant les plus mainstream, en faisant la part belle à la diversité et à la production indépendante.

Malgré les critiques habituelles reprochant à l’association des Victoires de la musique l’absence des plus gros vendeurs d’albums de l’année que sont les rappeurs français, la 33ème édition de la cérémonie s’est soldée par plusieurs succès. Le triomphe de la production indépendante est certainement le plus symbolique avec de dix Victoires sur douze. A noter que les labels indépendants n’avaient jamais cumulés autant de nominations avec pas moins de dix-sept nominations. Le nom du label Wagram a été associé à quatre Victoires de la musique dont trois pour Orelsan et un pour M, Toumani Diabaté, Sidiki Diabaté et Fatoumata Diawara. Celui de Because était adossé aux Victoires remises à Charlotte Gainsbourg et Camille. Enfin, les artistes Gaël Faye (AllPoints), MC Solaar (PlayTwo), Shaka Ponk (Tôt ou tard) et Dominique Dalcan [PIAS] ont permis à leurs labels respectifs d’être distingués. Autant de Victoires de la musique dont se sont félicités la Société civile des Producteurs de Phonogrammes en France (SPPF) et l’Union des Producteurs Français Indépendants (UPFI). « C’est la 1ère fois que les albums ou spectacles défendus par des producteurs indépendants atteignent un score aussi considérable. Le travail essentiel joué par les labels indépendants dans la découverte et le développement d’artistes a été récompensé » s’est réjoui Jérôme Roger, Directeur Général de la SPPF. Il faut dire que malgré la perte de valeur considérable du marché de la musique enregistrée, la production évolue dans un environnement toujours plus concurrentiel. Les trois maisons de disques restent bien évidemment les leaders incontestés mais se doivent de défendre leurs parts de marché face à la montée en gamme de plusieurs labels indépendants et surtout à la discrète montée en puissance de certains diffuseurs qui, en s’associant avec des labels (TF1 avec Play Two, M6 avec Six et Sept), instaurent une nouvelle forme de concurrence. Ces dix Victoires de la musique sont considérées par les producteurs indépendants comme une reconnaissance pour leurs investissements dans la production et le développement d’artistes. La SPPF et l’UPFI n’ont d’ailleurs pas manqué de qualifier de « soutien unique en Europe » le dispositif du crédit d’impôt dédié à la production phonographique dont ont bénéficié un certain nombre d’artistes nommés et primés aux Victoires de la musique. L’émergence des révélations aux Victoires de la musique viendra certainement s’ajouter aux arguments des producteurs de phonogrammes lors des échanges à venir avec les pouvoirs publics sur la pertinence des crédits d’impôt.

Rebond en termes d’audiences

Outre les Victoires remportées par la production indépendante, la Victoire remportée par l’ensemble de la filière est certainement celle de l’exposition de la musique à la télévision. Au vu des baisses d’audiences successives enregistrées depuis 2010, avec 1 million de téléspectateurs perdu en huit éditions, l’enjeu pour la filière était que les Victoires de la musique restent au-dessus de la barre des 2 millions. Bien au-delà des pronostics, la 2ème cérémonie musicale française après les NRJ Music Awards a rassemblé 2,8 millions de téléspectateurs soit 16,2% de part d’audience, contre 2,2 millions en 2017. En plus d’avoir réalisé un score d’audiences plus important qu’en 2016, l’un des rendez-vous les plus importants pour la filière musicale en termes d’exposition à la télévision a enregistré sa plus fort part d’audience depuis 2010. Des indicateurs suffisants pour rassurer la filière quant à la popularité de la musique et du spectacle à la télévision, bien que les Victoires de la musique restent sous la barre symbolique des 3 millions de téléspectateurs depuis 2014, année du sacre du Stromae.

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