Succès en demi-teinte pour le rehaussement du budget du Bureau Export

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C’est une année pleine d’enjeux qui s’annonce pour la filière musicale. Le projet de loi de finances 2018 conforte certes les dispositifs en faveur de la musique et du spectacle, mais les effets vertueux devront être illustrés. En parallèle est attendue la décision du Gouvernement à propos la Maison commune de la musique en janvier prochain. Les efforts du Gouvernement et du Parlement sont réels mais non pas sans réserves.

La filière musicale a obtenu le rehaussement du budget du Bureau Export. Une victoire importante en période de restrictions budgétaires dont l’audiovisuel public fait les frais entre autres. Dans la présentation de son budget 2018, la Ministre de la Culture avait décidé de porter le budget alloué à l’organisme chargé d’accompagner l’export de la musique made in France de 800 000 euros à 2,2 millions d’euros. L’adoption d’un amendement en séance à l’Assemblée Nationale a permis l’octroi de 500 000 euros supplémentaires. La subvention du Bureau Export s’élèvera donc à 2,7 millions d’euros l’an prochain. Une augmentation notable, bien que loin des 5 millions d’euros plébiscités à l’unanimité. Françoise Nyssen n’a pas manqué de s’en féliciter lors de la présentation du rapport de Roch-Olivier Maistre sur la maison commune de la musique. Néanmoins, l’ambition d’une politique culturelle favorable à la musique revendiqués par le Gouvernement et du Parlement ne se concrétisera à n’importe quel prix. Les débats en séance au Sénat ce lundi l’ont fermement rappelé. La filière musicale a manqué l’occasion de voir la subvention du Bureau Export s’élever à 3,7 millions d’euros en 2018.

2,7 millions d’euros à défaut de 3,2 millions

Un amendement, proposant d’augmenter de 1 million d’euros – au lieu des 500 000 euros votés en séance à l’Assemblée Nationale – et ainsi porter les crédits du Bureau Export à 3,2 millions d’euros au lieu des 2,7 millions acquis a avait été proposé par Colette Mélot. « Il s’agit d’aller plus loin en prenant une nouvelle fois en compte la dimension stratégie de cette agence de soutien à l’international qui accompagne plus de 300 artistes par an », notamment pour « faire concurrence aux anglo-saxons » mais aussi répondre aux besoins liés à « transformation de l’industrie musicale » a plaidé la sénatrice Vice-Présidente de la Commission Culture et Vice-Présidente de la Commission des affaires européennes. Une déclaration qui n’a pas suffi à convaincre le rapporteur de la Commission des finances. « Le budget du Bureau Export a été triplé. Aujourd’hui il est à 2,7 millions d’euros, ça paraît conforme aux besoins et si le Gouvernement avait considéré qu’il fallait davantage, il aurait pu sous-amender. L’augmentation est considérable entre 2017 et 2018 » a justifié Roger Karoutchi. L’amendement proposé ayant donc reçu un avis défavorable de la Commission des finances comme de la Ministre de la Culture, il a donc été retiré par la sénatrice Colette Mélot. Un succès en demi-teinte qui suscite certainement des interrogations au sein de la filière musicale. Pour autant, la réserve dont a fait part Françoise Nyssen ne remet, a priori, absolument pas en cause sa volonté de renforcer les moyens et dispositifs attribués à la musique et au spectacle. « Pour soutenir la création, nous allons l’accompagner à l’international. L’Institut Français sera mobilisé, le Ministère de la Culture ayant retrouvé une cotutelle avec le Ministère des affaires étrangères. Nous souhaitons aller plus loin dans ce quinquennat pour accompagner la musique française à l’export, avec toute l’ambition qu’elle mérite » a déclaré Françoise Nyssen. Une orientation qui converge avec la stratégie de la filière de la musique d’obtenir des engagements à moyen terme pour le Bureau Export et ainsi en porter le budget à 10 millions d’euros d’ici 2020.

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