Le Spectacle subventionné réclame des garanties budgétaires

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L’augmentation du budget du Ministère de la Culture avait été annoncée comme exceptionnelle. Mais pour certains, notamment les acteurs du spectacle subventionné, les effets au niveau des régions se font attendre.

L’année 2017 sera particulière en matière de politiques budgétaires. Le Gouvernement actuel est décisionnaire jusqu’en mai. Et la présence de Benoît Hamon au second tour est écartée dans la plupart des pronostics, bien que l’élection présidentielle réserve certainement son lot de surprises. D’ici-là, les acteurs du spectacle conventionné veulent des garanties quant à la politique budgétaire actuellement menée par le Gouvernement. Audrey Azoulay s’était largement félicitée d’avoir obtenu la hausse (+5,5%) du budget de son Ministère. Les subventions annuelles des scènes conventionnées, qui s’élevaient à 11 millions d’euros en 2016, devraient être rehaussées de 300 000 à 400 000 euros en 2017. Pour autant le Spectacle vivant n’est pas rassuré. « On a nous annoncé une hausse, sans nous préciser combien de scènes conventionnées seront créées cette année », souligne Juliette Prissard, Déléguée Générale du Syndicat National des Scènes Publiques (SNSP) qui représente une cinquantaine de salles. Les syndicats demandent des perspectives à ce propos, ainsi qu’une garantie pour les scènes existantes. Précisément, un plancher de 50 000 euros pour les subventions attribuées à toutes les scènes.

Gel de la réserve budgétaire

Les organisateurs s’étonnent de la politique menée en matière de budgets. L’inquiétude n’est pas des moindres chez les acteurs du spectacle conventionné. Les organisateurs se heurtent comme chaque année au gel des subventions. Dès le début d’année il a en effet été demandé aux diffuseurs et organisateurs de prendre en compte, dans leur demande de subventions, une réserve budgétaire de l’ordre de 8%. Et les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) appliquant les consignes données par l’Etat, les acteurs du spectacle conventionnés n’ont eu d’autres alternatives que d’interpeller le Gouvernement. Dans un courrier adressé au Premier Ministre, les syndicats (SYNDEAC, Profedim, SNSP, les Forces Musicales) demandent un éclaircissement quant aux consignes données et qui semblent diverger. A priori, le gel de la réserve budgétaire est appliqué dans la plupart les régions du territoire. Juliette Prissard précise que « les DRAC ont fait savoir qu’elles n’avaient pas d’arbitrage pour le dégel des subventions, ainsi que pour les planchers et la création des scènes conventionnées ». Dans le courrier adressé à Matignon et à la rue de Valois, les syndicats du spectacle demandent la levée de la réserve budgétaire. L’an dernier, la levée de la réserve budgétaire avait eu lieu en avril à la suite d’un rendez-vous avec François Hollande.

Pas de répercussions économiques envisagées

Pour appuyer leur demande de garantie en la matière, ils n’ont d’ailleurs pas manque de brandir leur crainte que des spectacles soient annulés faute de « réalisation des engagements de l’Etat », au point que des emplois artistiques, techniques et administratifs soient menacés. « On a besoin d’une réponse claire. On demande un signe qui soit cohérent. Et bien qu’il y ait une forte inquiétude, il est encore tôt pour évaluer les conséquences qui pourraient avoir lieu sur les spectacles et les emplois » temporise Aurélie Foucher, Déléguée Générale du Profedim. Il faut dire que dans l’hypothèse d’une continuité du gel des subventions, les moyens viendraient à manquer surtout dans les derniers mois de l’année. « Nous considérons que c’est prématuré de chiffrer et de rentrer dans cette logique. On considère que la levée aura lieu, on ne peut pas imaginer que ce ne soit pas le cas. Mais si la levée n’a pas lieu alors on commencera à chiffrer les dommages potentiels » ajoute Juliette Prissard du SNSP. Le courrier ayant réceptionné en début de semaine par le cabinet du Premier Ministre et de la Ministre de la Culture, les syndicats du spectacle conventionné n’ont pas encore d’élément de réponse. Faute de réponse favorable, le Ministère de l’Economie procèdera à un arbitrage pour dégeler ou non la réserve budgétaire pour le spectacle conventionné.

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