Qobuz représente une offre alternative dans le paysage du streaming scindé entre Spotify, Apple Music et Deezer entre autres. La plateforme implantée en France et en Europe consolide actuellement son positionnement – l’écoute de musique en haute qualité – avec de nouvelles offres et de nouveaux partenariats. Une stratégie d’envergure qui en cas de succès permettra à la plateforme de faire croître son nombre d’abonnés.
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Qobuz ambitionne de devenir la première plateforme de streaming rentable d’ici deux à trois ans. Le signal qui serait envoyé aux ayants-droit et aux créateurs par le seul acteur totalement français aurait une résonance particulière. Il interviendrait quasiment à la même période à laquelle est programmée la bascule du marché numérique de la musique enregistrée en France. Néanmoins Qobuz pourrait être devancée en Europe par Spotify, dont les dirigeants ont récemment confirmé avoir cet objectif à court terme. En tous les cas, avec maintenant 4 millions d’abonnés payants, le streaming est de plus en plus ancré dans les habitudes de consommation de la musique en France. L’effet boule de neige plébiscité par toute l’industrie depuis 2015 est enfin en marche. De son côté, Qobuz ne lutte pas à armes égales avec les leaders du marché. Outre des moyens bien moins conséquents, la plateforme défend un modèle axé uniquement sur le payant. Elle s’attèle donc à se démarquer en se spécialisant sur la haute qualité sonore et ce dans l’optique d’une cible distincte. Actuellement, l’offre de la plateforme rattachée à la société Xandrie, entité du groupe Thebaud, se décline en trois abonnements, le ‘Premium’ (qualité MP3 à 9,99 euros par mois), ‘le Hi-fi’ (qualité CD 19,99 euros) et le ‘Sublime’ (qualité CD en Hi Res 24-bit à 219,99 euros par an). « Qobuz présente une approche singulière qui lui permet de prendre sa place sur le marché. Nous sommes convaincus que les clients choisissent aussi leur plateforme aussi en fonction de leurs affinités. Qobuz plait donc à une cible plus exigeante, en quête d’une offre plus qualitative, plus différenciée, en matière de qualité sonore mais également en matière de contenus éditoriaux notamment » revendique Malcolm Ouzeri, Responsable marketing.
Un ARPU cinq fois plus élevé
L’ARPU (Average Revenue Per User), dépense moyenne par utilisateur, est l’un des indicateurs qui confortent Qobuz dans l’optique que la rentabilité est à portée. Le contingent d’abonnés de Qobuz se répartirait à hauteur d’un tiers pour chacune de ses trois formules. Des chiffres qui semblent confirmer que l’argument de la haute qualité sonore génère une valeur ajoutée. L’ARPU de Qobuz serait de 158 euros pour son abonnement ‘Premium’, de 240 euros pour sa formule ‘Hi-fi’ et de 424 euros pour ‘Sublime’. Des dépenses moyennes par utilisateur qui seraient en hausse ces deux dernières années. « Depuis sa création, Qobuz créé de la valeur bien plus que les autres acteurs par le biais d’un ARPU qui est au moins cinq fois plus élevé que chez nos concurrents. L’abonnement ‘Sublime’, qui combine streaming et téléchargement à l’acte avec des réductions permanentes, est une offre génératrice de valeur. C’est précisément ce qui nous permet d’avoir un ARPU plus élevé et cela nous rapproche sérieusement de la rentabilité » détaille Malcolm Ouzeri. Qobuz envisage d’ailleurs de provoquer une nouvelle hausse de sa dépense moyenne par utilisateur d’ici la fin de l’année avec l’arrivée imminente d’une nouvelle formule d’abonnement, ‘Sublime+’ (streaming en FLAC 16-bit / 44,1 kHz, streaming en Hi Res 24 bit de 60 000 albums, téléchargement en qualité DSD à 349,49 euros par an).
1 million d’abonnés
La rentabilité de Qobuz est assurément conditionnée à la croissance de ses abonnés. Qobuz a enregistré une croissance de 35% de son chiffre d’affaires en 2016. Un résultat accueilli modestement par ses équipes dans la mesure où il s’agissait de l’année de relance pour la plateforme après une période particulièrement difficile et connue de tous. La start-up de la musique est partie sur de nouvelles bases dès l’an dernier. Une partie des 5 millions d’euros d’investissements annoncés lors de la reprise par Xandrie a été effectuée pour une refonte de ses interfaces et applications entre autres. La start-up installée dans sept pays en plus de la France, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, est de nouveau tournée vers l’expansion. Qobuz fera son arrivée sur les marchés italien et espagnol cet été. La plateforme de streaming revendique réaliser 50% de de son chiffre d’affaires hors de France. L’Allemagne, où elle a enregistré une progression de son CA de 50% entre septembre et février dernier, est un marché prioritaire avec le Royaume-Uni. Qobuz s’attèle donc à y développer plusieurs partenariats sur la base de ceux conclus en France. « Notre objectif est réaliser une part importante de notre chiffre d’affaire dans le reste de l’Europe au point que la France soit plus ou moins proportionnelle à son poids dans la musique en ligne en Europe » envisage Malcolm Ouzeri. Il faut dire que le chiffre en ligne de mire de Qobuz nécessite une forte expansion sur les autres marchés, la plateforme voulant atteindre un million d’abonnés. Pour l’heure Qobuz ne communique pas sur son nombre d’abonnés actuel, mais en interne l’on confirme qu’il ne se compterait plus en plusieurs dizaines de milliers. Le service de streaming made in France revendique, comme ses concurrents, une augmentation significative de ses abonnés en 2016 bien que dans une moindre mesure. Son Responsable marketing estime que « La rentabilité arrivera bien avant le million d’abonnés ». Mais aucun indicateur quant au nombre d’abonnés nécessaire pour atteindre la rentabilité n’est révélé. La plateforme s’applique à développer sa notoriété auprès du grand public en multipliant les partenariats avec des enseignes, mais également des festivals. Avec toujours le haut de gamme parmi ses arguments marketing. Les offres afférentes à la haute qualité sonore ont toutefois un coût pour le consommateur. Et ceux prêts à payer 219 euros par an ou 349,49 euros par an ne sont certainement pas les plus nombreux. Mais Qobuz assume être positionnée sur ce segment.
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