L’urgence d’un plan de relance pour endiguer 4,5 milliards d’euros de pertes dans le secteur de la musique

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La relance ou la récession. Alors que les indicateurs de l’économie poursuivaient leur dynamique de croissance en termes de consommation, de fréquentation des spectacles, ou de droits d’auteurs et droits voisins, le coup d’arrêt porté par la crise sanitaire et économique plonge le secteur dans le rouge. Les chiffres sont astronomiques, les conclusions évidentes. Il y a urgence.

4,5 milliards d’euros. Ce sont les pertes attendues pour l’économie de la musique, équivalentes à 43% du chiffre d’affaires annuel prévisionnel. De par l’interdépendance des métiers et la pluralité des modes d’exploitation de la musique, l’ensemble de l’écosystème est bouleversé. L’annulation des concerts, comme la baisse des ventes suite à la fermeture des magasins spécialisés durant le confinement, prive les artistes de revenus, et occasionne manque à gagner et pertes pour les producteurs qui se répercutent sur leurs futurs investissements. Le désintérêt des annonceurs pour les radios, TV, plateformes de streaming a provoqué une baisse des revenus publicitaires, qui engendrera une chute des perceptions des droits d’auteur et droits voisins, sources de revenus majeures pour les créateurs, éditeurs et producteurs. Et ainsi de suite.

La musique fait travailler 250 000 personnes en France

Le détail de l’étude réalisée par le cabinet EY pour Tous Pour La Musique, l’association fédérant les acteurs de la filière, fait apparaitre que les pertes des principaux marchés dont la musique enregistrée (200 M€), le live (2,2 MD€), et l’export (145 M€) s’élèveraient à plus de 3 milliards d’euros d’ici fin 2020, soit 48% du chiffre d’affaires escompté. L’impact s’étend aux activités connexes (diffusion, fabricants d’instruments, etc.) qui totaliseraient 1,5 milliard d’euros de perte de revenus, dont 935 millions d’euros rien que pour les diffuseurs. Et les pertes enregistrées durant le confinement, établies à 613 millions d’euros pour les marchés principaux et à 395 millions pour les marchés connexes, invalident d’éventuelles suspicions d’exagération des pertes anticipées pour l’année. D’autant qu’à l’heure actuelle, l’incertitude reste de rigueur en raison de l’absence de visibilité sur les consignes sanitaires, et des conséquences à venir de la crise économique sur les habitudes et intentions de consommation (chômage, concurrence au sein du secteur et avec d’autres secteurs du divertissement). Et à travers l’ensemble des pertes enregistrées et attendues, auteurs, compositeurs, artistes, musiciens, et globalement les emplois du secteur sont fragilisés. D’après l’étude EY, la musique est la 2ème industrie culturelle en termes d’emplois avec pas moins de 207 000 personnes tous secteurs confondus, et permet aux secteurs connexes de faire travailler 50 000 personnes.

Plan de relance

Un plan ambitieux, mis en place par le Gouvernement en coopération avec les collectivités et les acteurs de la filière, pourrait permettre de relancer le secteur. Un plan de relance doté de mesures financières et fiscales pour soutenir les structures en difficultés, et pour accompagner et inciter les investissements. A défaut, les conséquences de la crise économique attendues sur les secteurs de l’industrie et des services, en termes de chômage et de faillite d’entreprises, se prolongeront à l’industrie musicale. Et la France, sans festivals et concerts sur tout le territoire, sans la vitalité des artistes français et francophones qui rayonnent aussi dans le monde, sans diversité, deviendrait rance.

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