L’impact limité de la concentration dans le secteur du spectacle

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Le poids des concerts, festivals et spectacles musicaux dans l’économie est une fois encore confirmé par la croissance des revenus de la billetterie recensés en 2016. Les résultats du spectacle musical et variété ne sont pour autant pas synonymes de rentabilité pour les structures. En revanche, certains indicateurs révèlent que la dynamique de concentration du secteur est quelque peu ralentie.

Le spectacle musical et variété confirme sa capacité à conquérir de nouveaux publics. L’année 2016 s’est inscrite dans la continuité des précédentes, avec des progressions tant en termes de fréquentation et de nombre d’évènements que de recettes, d’après l’étude annuelle du CNV publiée cette semaine. Les 63 300 spectacles payants ont commercialisé 26,7 millions d’entrées et généré 813 millions d’euros de recettes de billetterie, soit 50 millions en plus en un an (+7%). L’éclatement auquel l’on assiste dans la musique enregistrée est également de mise dans le secteur du spectacle. Le nombre de producteurs et diffuseurs déclarants des spectacles a encore augmenté l’an dernier pour atteindre 4 200, tandis que quelques 5 000 spectacles supplémentaires par rapport à 2015 ont été recensés par le CNV lors de la perception de la taxe sur les billets. Les effets porteurs des festivals pour l’ensemble de la fréquentation se sont prolongés en 2016 avec une part de 24% des entrées et de 20% de la billetterie. La progression des festivals fait quasiment jeu égal avec les autres spectacles en termes de recettes de billetterie notamment (+7% / +6%). Mais les festivals ont contribué dans un moindre mesure au fait que les spectacles aient attiré plus de publics en 2016.

53% des revenus de la billetterie pour 50 spectacles

La fréquentation des spectacles a clairement été dynamisée par les salles de grandes jauges et par celles de petites jauges. En 2016, ce sont 16 tournées qui ont eu lieu dans les grandes salles soit huit de plus en un an. Les 138 spectacles (+73%) y afférant ont cumulé 1,6 millions d’entrées et ont totalisé 101 millions d’euros (+63%) de recettes. La réouverture de l’AccorHotels Arena a évidemment été dopante pour les grandes salles. En 2016, les 89 représentations qui ont eu lieu dans l’enceinte de la salle de 20 300 places ont cumulé 960 000 spectateurs et environ 68 millions d’euros de recettes de billetterie. La concentration reste élevée dans le secteur du spectacle. D’après les conclusions de l’étude menée par le Centre National des Variétés (CNV), 53% des recettes de billetterie en 2016 ont été générés par les 50 spectacles les plus importants, tandis que les 50 structures réalisant le plus de chiffre d’affaires ont représenté 59% des revenus de billets. Néanmoins, l’étude menée par le CNV l’an dernier pour l’année 2015 évaluait la concentration sur une base de 30 spectacles ou structures et non une base de 50 comme cette année. S’il est évident que les recettes de billetterie soient majoritairement réalisées par les 50 poids lourds de la production et de l’organisation, captées par les 50 plus gros spectacles et donc réalisées au sein des 50 plus grands lieux, la concentration ne prévaut pas en ce qui concerne la fréquentation.

Hausse de la fréquentation des petites et moyennes salles

L’angle de vue économique ne suffit pas à caractériser l’ensemble paysage du spectacle musical et variété de secteur on ne peut plus concentré. Les entrées et les représentations sont des indicateurs majeurs de la vitalité et de l’attractivité des spectacles. Les 50 plus gros spectacles ont réalisé 53% des recettes de la billetterie globale en 2016 et 35% des entrées payantes en 2016 ont été assurées par 7% des représentations qu’ils constituent. Des chiffres qui illustrent d’une concentration certes, une majorité de revenus ayant été captés par une minorité de spectacles et d’entrées payantes. Le fait que les plus gros spectacles génèrent la majorité des revenus de la billetterie est une évidence, au vu des têtes d’affiche françaises et internationales programmés, et du prix des places adéquat. Néanmoins, les gros spectacles sont généralement assimilés aux spectacles de plus de 6 000 entrées. Et la part des représentations totalisant plus de 6 000 entrées n’était que de 1% l’an dernier. Les spectacles de moins de 200 entrées ont représenté 62% des représentations. Qui plus est, les salles de petite jauge (- 200 places) et de moyenne jauge (- 1 500 places) ont devancé les salles de grande (entre 1 500 et 6 000) et de très grande jauge (+ 6 000 places) dans quasiment toutes les régions en part d’entrées. La forte progression de la fréquentation enregistrée par les salles de plus de 6 000 plus est attribuée à une série de tournées assurées par des têtes d’affiche en vogue et de retour sur scène. Mais en excluant l’AccorHotels Arena, c’est une baisse d’entrées (-2%) et de recettes de billetterie (-5%) qui a été constatée pour les spectacles dans les grandes salles (1 500 – 6 000) auxquelles sont assimilées les Zénith. Tandis que les Scènes de Musiques Actuelles (SMAC), salles de capacité inférieure à 1 500 places, ont enregistré une hausse de 15% de leur nombre d’entrées (2,1 millions) et de 17% des revenus de leur billetterie avec 37 millions d’euros. Une tendance qui peut être due à un changement d’habitudes d’une partie du public, davantage en quête de découverte et de spectacles de proximité que de spectacles dans les grandes salles, exception faite des « spectacles évènement » ayant lieu dans les très grandes salles comme l’AccorHotels qui accueillent surtout des têtes d’affiche internationales. La concentration des revenus de la billetterie autour de quelques spectacles et de quelques structures n’est donc pas une entrave à la vitalité économique et artistique du secteur.

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