Le marché français de la musique enregistrée consolide sa croissance

5
minutes

Les résultats du marché français de la musique enregistrée pour l’année 2019 publiés par le Syndicat National de l’Edition Phonographique ont de quoi rendre les professionnels optimistes. Chiffre d’affaires, nombre d’abonnés aux plateformes de streaming, volumes d’écoutes ou encore place de la production locale sont en nette progression. Le streaming franchit encore des caps significatifs dans les habitudes de consommation de la musique en France avec 71 milliards de streams comptabilisés en 2019, soit quatre fois plus qu’en 2015.

La croissance du marché français de la musique enregistrée s’est intensifiée en 2019. La production locale a une fois encore porté le marché avec pas moins de 19 artistes made in France dans les 20 meilleures ventes d’albums et 80% de productions françaises dans les 200 meilleures ventes. Le renouvellement de la scène musicale est également au rendez-vous compte tenu des 46 premiers albums dans le top 200 de l’année 2019. Après une année 2018 en légère hausse (1,8%), qui plus est sauvée par les résultats exceptionnels de l’album posthume de Hallyday, 2019 a été une vraie année de croissance avec des revenus à hauteur de 772,5 millions d’euros (+5,4%). Les ventes sur le physique et le digital ont progressé de 6,2% en 2019 pour un chiffre d’affaires de 624 millions d’euros. En baisse de seulement 10%, le physique reste très important avec 230 millions d’euros. Les ventes de vinyles poursuivent leur épopée avec 4 millions de ventes en 2019 pour un chiffre d’affaires de 46 millions d’euros soit quatre fois plus en quatre ans. L’impact des grèves du mois de décembre sur les ventes d’albums en magasins (Fnac, Cultura, etc.) est aussi à prendre en compte malgré l’absence d’estimation de la part du SNEP et de ses partenaires. La configuration hybride du marché français entre digital et physique se maintient. Le digital frôle la barre des 400 millions d’euros avec précisément 395 M€. Le streaming joue comme prévu son rôle de moteur de la croissance. Les revenus ont bondi de 23,6%, contre 26% en 2018, passant de 299 à 368 millions d’euros en 2019. Ce qui présage d’un franchissement du pallier des 500 millions d’euros d’ici 2021. A condition que la croissance des souscriptions d’abonnements s’accélère. Actuellement, 10% des français sont abonnés aux plateformes de streaming soit 7,2 millions. Le chiffre est symbolique de la progression des habitudes de consommation de la musique. Spotify, Deezer, Apple Music et autres ont enregistré 1,7 million d’abonnés nouveaux, contre 1,1 million d’abonnés en 2018. Les opérations mises en place notamment par Deezer avec la Fnac (3 mois offerts pour l’achat d’un casque ou d’une enceinte connectée) et par Spotify avec Bouygues (6 mois offerts pour les nouveaux clients), ont permis de séduire de nouveaux clients, malgré l’absence de chiffres communiqués par les plateformes. En comptant les abonnements « famille », ce sont globalement près de 10 millions de français qui consomment de la musique en streaming.

Pas de stratégie pour impulser les souscriptions d’abonnements

La marge de progression reste importante pour que le marché atteigne sa vitesse de croisière. Avec un chiffre d’affaires de 624 millions d’euros pour les ventes d’albums et de singles, le marché français de la musique enregistrée revient juste à son niveau de 2010. C’est moins de la moitié des revenus du marché en 2002. Le digital génère près des 2/3 des revenus soit deux fois plus qu’il y a cinq ans, sous l’effet du streaming payant, lui-même en hausse de 18,5% et représentant 80% des revenus sur le numérique. Et si le streaming payant poursuit son essor plus ou moins rapidement, le streaming gratuit continue de séduire les consommateurs avec une augmentation de 52,3% des recettes du streaming financé par la publicité (37,6 millions d’euros en 2019). La conversion des abonnements gratuits vers des abonnements payants, compte tenu des 6 millions d’utilisateurs gratuits de Spotify et Deezer en France, est vrai levier potentiel pour accroître les contingents d’abonnés des principales plateformes de streaming. Le consentement à payer des consommateurs friands de gratuité, l’expérience des offres gratuites de Spotify et Deezer – jugée trop qualitative par certains acteurs pour convertir vers l’abonnement payant – ou encore la méconnaissance de l’offre auprès de nombreux consommateurs potentiels sont parmi les entraves à la nette augmentation du nombre d’abonnés des plateformes. Une réelle stratégie pour impulser les souscriptions d’abonnements en France se fait attendre. Les plateformes n’ont pas développé d’opérations dans cette optique en collaboration avec les producteurs, hormis leurs campagnes marketing classiques. Et les opérations exceptionnelles, à l’occasion de sorties d’albums d’importants (Jul avec Deezer par exemple), sont encore ponctuelles. Il faut dire que Spotify et Deezer priorisent surtout la diversification des contenus et l’expérience utilisateurs pour les fidéliser et recruter de nouveaux abonnés. Les autres plateformes s’efforcent de démontrer leur originalité (Qobuz) ou leur accessibilité (Amazon Music). Le Centre National de la Musique pourrait éventuellement accompagner les efforts des professionnels pour optimiser la popularité des services de streaming musical auprès des français. « Le printemps de cinéma » et « la fête du cinéma » contribuent chaque année, avec un prix unique des places et une grande visibilité dans les médias notamment, à booster la fréquentation en salles et à développer et entretenir l’appétence des français pour le cinéma.

Partager cet article