L’attractivité de l’offre légale limite la progression de la consommation illégale

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La consommation de contenus poursuit sa progression sous l’effet d’une offre qui s’est enrichie sur le plan de la création et de l’accessibilité. L’intérêt des consommateurs pour la musique, le cinéma et l’audiovisuel se traduit cependant autant par un accès légal que par une exploitation illégale. Mais l’offre de contenus, devenue plus pertinente, plus riche et calibrée à la demande, s’impose plus que jamais comme le meilleur atout des secteurs de la culture pour lutter contre le piratage.

La consommation de contenus culturels sur les plateformes est au beau fixe en 2017. La HADOPI a publié son baromètre annuel des usages composé des données récoltées par Médiamétrie auprès des publics de tous les âges. D’après les déclarations du panel, le nombre de consommateurs de contenus culturels aurait augmenté de 8% entre mai 2016 et mai 2017. Avec maintenant 78% de consommateurs de musiques, vidéos, films et séries, entre autres contenus, soit un niveau au plus haut. La musique et des clips ainsi que les vidéos et les films, qui ont respectivement gagné 5% et 6% de part de consommateurs, ont clairement dynamisé la consommation des contenus culturels. Avec des parts respectives de 52% pour la musique et les clips et de 45% pour les vidéos et les films, les deux secteurs confirment leur attractivité auprès des français devant les séries (37%) et loin devant les livres (16%). Ils sont également les plus consommés en termes de fréquence. La consommation des biens culturels est sans surprise impulsée par l’appétence des jeunes publics, les 15-24 ans étant 91% à déclarer avoir consommé des contenus durant les douze derniers mois. Les 25-39 ans, dont 90% sont des consommateurs, sont tout aussi importants. Les contenus culturels sont néanmoins moins populaires auprès des plus de 40 ans qui ont été 69% à en avoir consommé.

Augmentation du consentement à payer

Le consentement à payer progresse dans les habitudes de consommation. D’après le baromètre de la HADOPI, les parts de consommateurs ayant consommé des contenus culturels durant les douze derniers mois ont davantage privilégié le payant en 2017 qu’en 2016. Dans le détail, la consommation payante a gagné 2 points dans la musique avec désormais 7%, tandis que les films sont passés de 6 à 9%. La progression la plus forte s’est portée sur les séries avec désormais 10% de consommateurs sur le payant soit 7% de plus en trois ans. Les nombreuses séries à succès ainsi que l’émergence de Netflix en France font partie des principaux éléments déclencheurs de la consommation payante des séries. Les séries sont d’ailleurs le seul genre de contenus pour lequel une baisse de la consommation gratuite est constatée en 2017, avec une part passée de 90 à 84%. Le consentement à payer est évidemment plus présent dans les habitudes de ceux qui consomment des contenus sur les plateformes légales. Là-encore, les séries montrent l’exemple avec 14% de consommateurs en payant parmi ceux qui optent par la voie légale, contre 6% pour ceux qui ont recours aux plateformes et sites illégaux. Le genre est suivi de près par celui des films et vidéos avec une part de 12% de consommateurs qui payent pour les contenus, mais ceux qui regardent illégalement des séries de même que des films sont moins enclins à payer pour des contenus en 2017 (entre 5 et 6%). Du côté de la musique, 8% des consommateurs par la voie légale déclarent payer pour y avoir accès. Pour autant, malgré une progression du consentement à payer des consommateurs, le panier moyen d’achats des consommateurs de contenus en légal a baissé de 3 euros entre 2014 et 2017, à 15 euros. La consommation de contenus culturels par la voie légale est à dissocier du consentement à payer. 49% des consommateurs déclarent ne pas payer pour des contenus, tandis que la part de ceux qui accèdent aux contenus légalement mais qui ne paient pas a tendance à baisser (52%). Les consommateurs à déclarer dépenser entre 1 et 19 euros pour des contenus et biens culturels a d’ailleurs augmenté tant globalement, avec 29%, que chez les publics ayant pour habitudes de consommer légalement (25%) et ceux qui ont recours de la consommation illégale. Une tendance qui confirme le caractère attractif des offres des plateformes de streaming et de vidéo à la demande, dont les formules les plus populaires oscillent entre 7,99 euros et 19,99 euros. Pas de progression notoire pour les catégories de dépenses plus élevées.

Consommation mixte entre légal et illégal

L’augmentation du consentement à payer n’est pas sans effet sur la consommation illégale de contenus culturels. Le gain en attractivité de l’offre légale fait progresser la part de consommateurs ayant des habitudes mixtes entre plateformes légales et illégales. Les consommateurs de contenus en légal comme en illégal étaient stables depuis 2014 tandis que les utilisateurs passant par uniquement par des services illégaux avaient tendance à augmenter. En 2017, les courbes s’inversent avec une part de consommateurs de contenus via les plateformes légales et illégales qui augmente nettement en passant de 15 à 23%. Les usages « exclusivement illicites », avec une part de 5%, ont eux légèrement tendance à baisser (-1%). Des tendances qui ne traduisent néanmoins pas une conversion des publics vers des habitudes de consommation exclusivement légale. Les consommateurs d’offres légales uniquement restent stables sur l’ensemble des publics. Et une tendance n’est pas rassurante pour les plateformes légales, les ayants-droit et les créateurs, la part des consommateurs ayant eu accès à des biens culturels ces 12 derniers mois exclusivement via des offres légales est passée de 71% à 65%. En 2017, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à combiner accès légal et illégal avec 30% contre 21% l’an dernier. Une tendance à la hausse tant en matière de musique (18%), que de films (32%) et de séries (29%). Un changement d’habitude qui ne nuit que de manière limitée au consentement à payer puisqu’il progression, et qui se reporte pas sur de la consommation exclusivement illégale, qui a plutôt tendance à baisser (-3%) sauf chez les 15-24 ans.

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