La reprise des concerts entravée par l’imprévisibilité du contexte sanitaire

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Les professionnels de la musique live restent en attente d’un calendrier de reprise. Mais face à l’absence de lisibilité quant à l’évolution de la crise sanitaire, qui tend de nouveau à s’aggraver en ce début d’année, le Gouvernement assume le parti pris du maintien de la fermeture. La réouverture des salles de concert et l’organisation de concerts-tests se heurtent à des obstacles difficilement contournables à cette heure.

La réouverture des salles de concert ne devrait pas avoir pas lieu tant que la situation sanitaire ne sera pas maitrisée. Tel est le cap fixé par le Premier Ministre à l’heure actuelle, avec lequel la Ministre de la Culture s’efforce de s’aligner. Devant les députés de la Commission des affaires culturelles, Roselyne Bachelot a naturellement assuré être sensible aux frustrations de tous bords, tout en assumant les choix du Gouvernement. « La décision de maintien de la fermeture des lieux culturels a été lourde et difficile » a déclaré la Ministre, soulignant que cet arbitrage avait été pris « en responsabilité » et non à la légère compte tenu du caractère « extrêmement grave » de la situation sanitaire. Plusieurs députés ont demandé à Roselyne Bachelot de clarifier l’agenda du Gouvernement quant à la réouverture des lieux culturels et en particulier des salles de spectacle. « Vous devez annoncer une date de réouverture ferme » lui a intimé Valérie Bazin-Malgras (LR). « Ce qui remonte des éléments de diagnostic n’est pas rassurant. J’en appelle à ceux qui veulent une réouverture des lieux. Pouvons-nous prendre un risque de cette nature ? Je serais totalement irresponsable de donner une date ferme de réouverture » a répondu la Ministre de la Culture.

UN ARBITRAGE LE 20 JANVIER

Actuellement, les indicateurs de l’évolution de la pandémie jouent contre la reprise de la vie culturelle et plus particulièrement des concerts. Les données relatives à la progression du virus sur le territoire, à la suite de la découverte des variants et des fêtes de fin d’année, seront parmi les éléments majeurs pris en compte dans les prochains arbitrages. De nouvelles décisions concernant la réouverture des salles et d’autres types d’établissements recevant du public seront prises le 20 janvier. Mais la Ministre a d’ores-et-déjà tempéré les ardeurs des professionnels, précisant que cette échéance était une « nouvelle clause de revoyure », et que la France n’était pas une exception en Europe compte tenu de la fermeture des lieux notamment en Allemagne, au Royaume-Uni ou encore aux Pays-Bas. Une première certitude, les projets d’éducation artistique et culturelle, grande priorité du Gouvernement, seront les premiers à reprendre en amont de la réouverture progressive des lieux.

UN MODÈLE DE RÉOUVERTURE RÉSILIENT ET AGILE

Dans une perspective de reprise pour le secteur du spectacle vivant, malgré le contexte actuel teinté d’incertitudes, le Gouvernement affirme sa volonté de donner de la visibilité aux acteurs. « Je travaille avec les représentants du secteur pour construire un modèle de réouverture agile et résilient » a affirmé la Ministre de la Culture devant les députés de la Commission des affaires culturelles. Les organisations professionnelles sont régulièrement consultées, dans l’objectif de faire émerger un ensemble de dispositifs et de protocoles sanitaires qui pourront être validés par les Ministères de la Culture, de la Santé et de l’Intérieur.

LES LIMITES DU MODÈLE DES CONCERTS-TESTS

En parallèle, les premières réouvertures des salles de concert pourraient également être favorisées par les résultats concluants de « concerts-tests » en France, sur lesquels travaillent le PRODISS et le SMA. Le succès de l’opération menée par le festival espagnol Primavera, qui a organisé un concert-test à Barcelone le 12 décembre avec 463 spectateurs testés négatifs avant et à la suite duquel aucun n’a été infecté, nourrit l’optimisme des professionnels en France. La mise en place de dispositifs et de protocoles, incluant « tests PCR », masques « FFP2 », application « Tous anti-covid », ventilation et contrôle de la température dans les salles, billetterie dématérialisée ou encore cashless, pourrait impulser la reprise du secteur de la musique live. Roselyne Bachelot a confirmé être particulièrement attentive aux expérimentations proposées par le PRODISS et le SMA.

Néanmoins, la généralisation des dispositifs qui pourraient être mis en place pour garantir la fiabilité des salles de concert en matière sanitaire se heurte et d’ores-et-déjà à des difficultés logistiques et techniques. La mise en place de plusieurs centaines voire de plusieurs milliers de tests serait compliquée à gérer. Et un certain nombre de salles ne disposeraient pas des équipements adéquats pour ces impératifs d’ordre sanitaire. Sans compter les surcoûts engendrés par de tels dispositifs, qui s’ajouteraient aux surcoûts liés à la sécurité ou encore à la gestion des niveaux sonores. Et en tout état de cause, l’expérimentation des protocoles sanitaires en cours d’élaboration n’aura pas lieu avant février voire mars. Le secteur de la musique live n’est donc pas encore à l’aube d’une reprise.

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