La première feuille de route du Centre National de la Musique

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La mise en orbite du Centre National de la Musique est effective depuis le 1er janvier. L’ensemble des missions et l’organisation principale du nouvel établissement ont été figées dans le décret statutaire publié fin décembre. Les priorités durant les mois à venir ont été définies le 8 janvier lors du 1er Conseil d’Administration. La première feuille de route pour la nouvelle maison-mère du secteur de la musique est établie.

Continuité, construction, réflexion et développement sont les grands axes de la stratégie du Centre National de la Musique pour sa première année. Les principales missions du CNM consistent en la mise en place de services d’information, d’accompagnement ou encore de promotion, en l’attribution d’aides financières, en la collecte d’informations et de données pour l’observation et la régulation, ainsi qu’en la diffusion d’indicateurs sur l’économie du secteur. « L’idée est de construire une politique publique pour la musique dans toute sa diversité » déclarait Jean-Philippe Thiellay, Président du CNM, à France Culture le 1er janvier. Une construction associée à une continuité pour préserver l’équilibre du secteur et en particulier des dispositifs d’aides. Les commissions d’aides du Centre National de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) ont été reconduites lors du premier Conseil d’Administration le 8 janvier. La construction du nouvel établissement s’accélèrera en milieu d’année avec les arrivées respectives du Fonds pour la Création Musicale (FCM), du Bureau Export, de l’IRMA et du CALIF (disquaires indépendants). Ces dernières interviendront après les assemblées générales de juin. D’ici-là, les dirigeants des organismes de gestion collective attendent des garanties sur la ventilation des budgets qu’ils attribuent au FCM et au Bureau Export, et qui reviennent indirectement à leurs adhérents. Les choix du Conseil d’Administration en matière de financement et notamment sur l’enveloppe de 7,5 millions d’euros attribuée par le Gouvernement sont attendus dans le même temps. D’autant que cette enveloppe est amenée à croître jusqu’en 2020 pour atteindre 20 millions d’euros d’ici 2022. Une augmentation conditionnée à la production de résultats probants pour en justifier l’attribution puis la progression.

Un Conseil d’Administration appuyé par un Conseil Professionnel

En matière de gouvernance, le Gouvernement a tenu compte des spécificités et des complexités du secteur de la musique en faisant le choix de l’équilibre et de la codécision. L’ensemble des acteurs du secteur, à savoir les créateurs, les producteurs phonographiques, les producteurs de live, les éditeurs, les éditeurs, les diffuseurs, les plateformes, et les collectivités territoriales, auront la possibilité de faire entendre leur voix au sein du Conseil Professionnel composé à parité jusqu’à 40 membres, et consulté en amont du Conseil d’Administration. Le fonctionnement des commissions, les contrats avec les collectivités, ainsi que les sujets portant sur l’économie du secteur sont dans le champ de compétences du Conseil Professionnel. Présidé par Jean-Philippe Thiellay, le Conseil d’Administration rassemble 25 membres élus pour trois ans, dont onze acteurs de la filière et de l’industrie, cinq dirigeants d’autres établissements publics et deux représentants du personnel en plus des sept représentants de l’État. Pour les organismes de gestion collective ont été nommés Jean-Noël Tronc (Sacem), Marc Guez (SCPP), Jérôme Roger (SPPF), Bruno Boutleux (Adami) et Frédérique Sauvage (SPEDIDAM). Les entreprises du secteur privé et du secteur subventionné sont représentées avec Malika Séguineau (PRODISS), Elodie le Breut (SYNDEAC) et Aurélie Hannedouche (SMA). La présence des artistes salariés comme entrepreneurs, représentés par Philippe Gautier (SNAM-CGT) et par Suzanne Combeaud (GAM), s’inscrit en convergence avec l’engagement de Franck Riester de placer les artistes au centre de la politique déployée pour la musique. Enfin, les acteurs en régions siègent également avec Marie Déqué (Toulouse Métropole) et Christelle Creff (DRAC Région Grand Est).

Un agenda chargé pour Jean-Philippe Thiellay

Les orientations stratégiques du Centre National de la Musique seront progressivement définies par le Conseil d’Administration. Le Président du CNM a rencontré plusieurs organisations professionnelles en régions dès le début du mois de décembre aux Trans Musicales de Rennes dont le SMA et la FELIN. Jean-Philippe Thiellay s’apprête à passer du temps sur le terrain pour appréhender les spécificités, les enjeux, et les tendances du secteur de la musique. Outre les rendez-vous officiels et informels, les occasions pour le Président du CNM de multiplier les rencontres seront nombreuses durant le premier semestre, avec les BIS de Nantes, le Salon de la radio et de l’audio digital, les Victoires de la musique, le bilan annuel du marché de la musique enregistrée organisé par le SNEP, le colloque annuel de la SPEDIDAM, le MIPTV, le Printemps de Bourges, le Midem, et enfin les assemblées générales des organisations professionnelles. Autant d’occasions pour les acteurs de défendre leurs intérêts. L’agenda politique sera rythmé par le projet de loi audiovisuel, la transposition de la directive droit d’auteur, et les discussions dans l’industrie seront denses sur les sujets de la répartition des revenus du streaming avec le user centric et la rémunération des artistes, l’exposition de la musique à la radio ou encore la concentration dans le live. Et dès sa première année, le Centre National de la Musique s’apprête à rentrer dans son rôle de bras armé du Gouvernement dans le secteur en s’intéressant de près aux grands enjeux sur le plan économique. Parmi les premières études qui seront menées par l’observatoire de la musique figurent une étude sur la répartition des revenus sur le streaming (user centric), et une sur l’exposition des répertoires français et francophone sur les plateformes et dans le paysage du live. Autant de données nécessaires à la stratégie du Centre National de la Musique dans son intervention pour structurer, réguler et accompagner le secteur. Et qui serviront de bases aux États généraux de la musique en France qui auront lieu en 2021.

 

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