La filière musicale réaffirme son union devant les pouvoirs publics

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 L’agenda politique sera très chargé pour la filière de la musique au second semestre avec la préfiguration du Centre National de la Musique et l’évaluation des crédits d’impôt dédiés à la production phonographique et à la production de spectacles entre autres. Les parlementaires des commissions Culture et Finances se pencheront sur ces deux dossiers cet automne. Et depuis la confirmation par la Ministre de la Culture de la préfiguration du CNM en avril dernier, le mot d’ordre qui fait consensus auprès des professionnels est l’union. Le traditionnel Déjeuner de la filière, organisé par le PRODISS lors de la Fête de la Musique, a comme prévu été l’occasion de le constater avant la coupure estivale.

Les acteurs de premier plan au sein de la filière musicale, à savoir les représentants des producteurs de phonogrammes et de spectacles, les auteurs, les artistes-interprètes, ou encore les éditeurs, sont en quête d’alliés auprès des politiques. La mission de préfiguration du Centre National de la Musique confiée à Emilie Cariou et à Pascal Bois fera émerger des orientations en vue d’établir les fondations du futur établissement en termes de financement, de gouvernance et de missions. A l’instar des crédits d’impôt, les députés et sénateurs devront donc se prononcer et trancher sur l’ensemble de ces aspects dans le cadre du Projet de Loi de Finances 2019. Le Déjeuner annuel de la filière musicale organisé par le syndicat national du spectacle musical et de variété (PRODISS) avait donc une teneur encore plus politique que les précédentes années. Plusieurs parlementaires étaient présents dont Pascal Bois, Emilie Cariou, Aurore Bergé, Virginie Duby-Muller, Jean-Pierre Leleux et Sylvie Robert, tandis que l’absence de la Ministre de la Culture a été compensée par la présence de Pierre-Emmanuel Lecerf, Directeur adjoint de cabinet, et Claire Guillemain, Conseillère en charge de l’action territoriale, du soutien à la création et aux artistes, en plus de celles de Martin Adjari pour la DGMIC et de Dominique Muller pour la DGCA. « En cette date symbolique du 21 juin, nous devions rappeler nos enjeux communs. Nous sommes tous des entrepreneurs qui partagent les mêmes défis » a introduit Luc Gaurichon, producteur (Caramba Spectacles) et Président du PRODISS. L’export étant en tête des rares enjeux sujets faisant l’unanimité, son importance a sans surprise été rappelée tant par les professionnels. Il faut dire que la filière musicale a très clairement l’objectif de convaincre les pouvoirs de poursuivre les efforts en la matière avec une augmentation continue du budget du Bureau Export pour les années à venir. Ayant qualifié l’export de la musique made in France comme étant « l’un des enjeux majeurs et communs », le Président du PRODISS a insisté sur le fait que la filière française n’était « pas aussi présente sur la scène internationale qu’elle le pourrait », soulignant que « nos entreprises participent aussi au rayonnement de la France ». Une position qui emporte la conviction des parlementaires, Virginie Duby-Muller (LR) ayant caractérisé l’export comme « un outil de soft-power et de diplomatie culturelle », tandis qu’Aurore Bergé (LREM) a une fois de plus loué la virtuosité du Bureau Export en tant que « préfiguration du Centre National de la Musique ».

Centre National de la Musique

Compte tenu de la présence des décideurs politiques et des représentants des professionnels, le Déjeuner de la filière a fait office de débat sur plusieurs éléments structurants pour le secteur de la musique enregistrée et live. A commencer par le Centre National de la Musique qui a ponctué les interventions des politiques et des professionnels. Parlant au nom des producteurs de spectacles, Luc Gaurichon a rappelé que « la profession attend beaucoup du Centre National de la Musique » tandis que Jules Frutos s’est réjoui de l’arrivée « tant attendue » du futur établissement. Représentant les auteurs de la SACD qui compte un certain nombre d’auteurs dans le secteur du spectacle vivant, Pascal Rogard a s’est exprimé sur la nécessité « que la profession s’unisse et parle d’une voix ». Le Directeur Général de la SACD n’a d’ailleurs pas manqué de faire quelques préconisations sur les sujets de la Gouvernance, faisant remarquer que « le Conseil d’Administration du CNC ne comporte aucun professionnel et cela se passe très bien », et que « l’assiette la plus large possible et le taux bas » pour les taxes étaient parmi les meilleures garanties pour les ressources du CNM. En parallèle, les parlementaires se sont peu exprimés sur le Centre National de la Musique, préférant louer l’union de la filière musicale. Le sénateur (LR) Jean-Pierre Leleux s’est dit satisfait d’une union qui « est en train de se former » et qui peut avoir un effort porteur vis-à-vis du futur établissement. Néanmoins, à l’instar des débats au sein des commissions Culture, des réserves ont été émises par la sénatrice Sylvie Robert (PS), qui a souligné la nécessité de « savoir de quoi on parle et d’avoir les moyens qui vont avec les missions définies » sur la question du financement, tandis qu’elle s’est interrogée sur la largeur du spectre de la gouvernance. Des questions auxquelles Pascal Bois et Emilie Cariou sont chargés d’apporter des orientations précises, notamment après les auditions de l’ensemble des acteurs du secteur. Lors de son intervention, le député Pascal Bois a certes évoqué la difficulté de la « multiplicité des interlocuteurs », mais il a également invité l’ensemble des acteurs à « avoir un rôle collaboratif ».

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