Gestion sonore : Agi-Son veut impulser le changement des pratiques

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C’est à un moment opportun qu’Agi-Son, trait d’union des entrepreneurs dans le secteur du  spectacle en matière de gestion sonore, rend compte de mesures sonores effectuées entre 2014 et 2016. Il y a dix-huit mois, l’article L 1336-1 de la loi Santé 2016 posait la première pierre de l’encadrement des activités « impliquant la diffusion de sons à un niveau élevé dans tout lieu public ou recevant du public ». La publication en Conseil d’Etat du décret amené à en préciser les conditions d’application est maintenant attendue. Agi-Son anticipe avec une feuille de route à l’intention des professionnels du secteur.

Convaincre les pouvoirs publics que le secteur du spectacle prend des mesures et des initiatives pour une gestion des niveaux sonores. C’est l’objectif poursuivi par Agi-Son qui a renforcé ses actions au moins depuis la recommandation du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) en 2013 visant à modifier le cadre réglementaire du plafond acoustique. Le décret à venir devrait abaisser le plafond acoustique de 105 dB(A) à 103 voire 102 dB(A) sur une durée de 15 minutes. Globalement, les gérants de salles de spectacle n’y sont pas favorables, en particulier ceux des lieux de petites jauges d’accueil des spectateurs et ceux spécialisés dans la programmation de certains genres de musique.

Les festivals montrent l’exemple

Dans son effort d’éviter une régulation trop brutale des niveaux sonores, mais également afin de fournir des données objectives quant à la réalité des niveaux sonores des spectacles, Agi-Son a entamé dès 2014 une série de mesures dans le cadre de la campagne « Opér@’Son ». La première phase de mesures a porté sur un ensemble de quatre festivals : Hellfest dans le Pays de la Loire, Musilac en Rhône-Alpes, Rock en Seine à Paris et les Eurockéennes en Franche-Comté. Il faut dire que la mention « tout lieu public ou ouvert au public, clos ou ouvert »  de l’article de la Loi Santé englobe de fait les festivals et les lieux en plein air comme les stades. Sur un total de 133 concerts évalués entre 2014 et 2016, seuls 6 d’entre eux se sont révélés comme ayant dépassé un niveau de décibels supérieur à 105 dB(A), trois pour Rock en Seine et trois pour Hellfest. Dans le cadre d’une évaluation avec un plafond de 102 dB(A), seul les concerts des Eurockéennes ont été sous la barre des 102, tandis que 30 concerts de Hellfest (11), de Rock en Seine (6) et de Musilac (13) étaient au-delà des 102 décibels. Des résultats globalement corrects, bien qu’au final pas tout à fait révélateurs des niveaux sonores des festivals. Du fait d’une capacité limitée à obtenir des échantillons des niveaux sonores pour Rock en Seine, Hellfest et les Eurockéennes, essentiellement pour causes techniques, les données du festival Musilac sont les plus fiables. Agi-Son estime cependant dans son rapport que les festivals en plein air pourrait se cantonner à ne pas dépasser les 103 décibels dB(A) sur un total totale de quinze minutes.

Disparités de mesures pour les petites salles

Les mesures sonores effectuées par le comité scientifique d’Agi-Son, en collaboration avec les Agences Régionales de Santé se sont concentrées sur les salles de jauge de moins de 300 places en 2016. Sur un total de 36 concerts évalués, 6 d’entre eux ont affiché un niveau sonore supérieur à 102 dB(A), ceux dans des salles les plus petites avec des jauges de 150 et de 70 places. Toutefois, les niveaux sonores sont nettement différents en termes de mesures effectuées au-devant de la scène (front de scène) et non pas depuis la régie. La quasi-totalité des concerts mesurés depuis le front de scène ont affiché des niveaux sonores supérieurs à 102 dB(A). Néanmoins, les petites salles devraient faire obtenir une tolérance de leur plafond acoustique à 105 décibels et non à 102 dB(A). Agi-son souligne dans son rapport le manque d’outils de mesure sonore constaté chez les salles de petite jauge, sans faire de lien de cause à effet explicite avec les niveaux sonores évalués. Reste à savoir comment, alors qu’ils devront garantir le respect d’un plafond acoustique à 105 dB(A) en tous points de la salle, les gérants des lieux de diffusion à petite capacité d’accueil pourront évaluer leurs niveaux sonores. L’organisme qui fait office de porte-voix des professionnels du spectacle auprès des pouvoirs publics entend d’ailleurs demander des garanties financières afin d’encourager à l’achat d’outils de gestion sonore ou encore à la formation. Seuls 33% des lieux de diffusion seraient équipés pour une meilleure gestion du plafond acoustique.

Engagement des professionnels

Avec l’information et la communication au centre de sa feuille de route, Agi-Son s’applique à poursuivre la promotion de la gestion sonore auprès des professionnels du spectacle pour mieux la faire valoir auprès des institutions. L’accent va logiquement être mis sur la formation des professionnels pour les inciter à s’adapter aux modalités d’application à venir dans le futur décret. Dans l’optique de faciliter le changement des pratiques, Agi-Son préconise que le cadre réglementaire afférant au plafond acoustique soit mis en exergue dans les contrats et les fiches techniques entre autres affichage dans les espaces réservés aux professionnels dans les salles. Des propositions seront prochainement clairement énumérées par les groupes de travail chargés de formaliser les conditions d’une meilleure gestion des niveaux sonores afin qu’elle soit adoptée tant par les techniciens que par les gérants des lieux de diffusion et organisateurs de festivals.

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