Financement et diversité au centre de l’agenda politique pour la musique et le spectacle

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Les orientations du PLF2018 et plus globalement de la feuille de route du Ministère de la Culture sont scrutées par les acteurs de la musique et du spectacle. La politique appliquée en matière de Culture dès 2018 pourrait, en répondant aux attentes respectives, tourner la page d’un quinquennat plus que mitigé. A condition, entre autres, que les écosystèmes de la musique enregistrée et du spectacle soient en convergence avec un grand principe, celui de la diversité.

Les exigences des pouvoirs publics pour la mise en œuvre et la pérennité de plusieurs dispositifs structurants pour les secteurs de la musique enregistrée et du spectacle se préfigurent. Le financement et la prééminence de la diversité émergent parmi les priorités en matière de politique culturelle. Les multiples interventions lors de l’audition de Françoise Nyssen par la Commission Culture du Sénat l’ont confirmé. Les sénateurs ont à cette occasion fait part de leurs réserves vis-à-vis de plusieurs dispositifs sur lesquels se penche actuellement le Gouvernement. A commencer par le Pass Culture dont la première version sera prête pour la rentrée 2018 par la Ministre de la Culture. Concrètement il s’agira d’une « application mobile pour un accès à l’offre, aux biens et aux pratiques basé sur de la géolocalisation » a précisé Françoise Nyssen. Mais bien que le concept soit jugé attractif dans la forme par les sénateurs, ceux-ci s’interrogent sur la manière dont le Gouvernement financera et fera financer le budget de 5 millions d’euros. D’autant que « les résultats ne sont pas très concluants en Italie » d’après la sénatrice Sylvie Robert qui considère qu’« il faut regarder cela avec beaucoup de mesure ». Un consensus émerge en Commission Culture pour que soient garanties la diversité artistique dans l’offre du ‘Pass Culture’ et l’accès à la Culture dans sa richesse et sa globalité en dépit des inégalités territoriales et sociales. Ce sur quoi la Ministre, qui a précisé vouloir « associer tous les acteurs », devrait mettre l’accent lors d’un laboratoire d’idées qui se tiendra le 18 décembre. Des discussions avec différents acteurs concernant le financement, y compris avec les plateformes, auront d’ailleurs lieu dans les prochains jours.

Maison commune de la musique

La Maison commune de la musique fait évidemment partie des dossiers qui suscitent le plus d’interrogations tant du côté des acteurs de la filière que des pouvoirs publics. Les sénateurs sont en quête d’informations à ce propos. « Nous aimerions avoir quelques orientations de votre Ministère sur les missions mais aussi sur le financement et la diversité » a déclaré Sylvie Robert. Ce à quoi Françoise Nyssen n’a pu répondre par des précisions. Néanmoins, la Ministre de la Culture « partage la nécessité d’une réaffirmation de la politique de l’Etat » en la matière, au point d’estimer que « la pertinence est là, il faut vraiment qu’on le fasse. Il y a une convergence entre musique enregistrée et spectacle ». Des déclarations évidemment les bienvenues pour les décideurs et professionnels en quête de signaux positifs en attendant le temps de la décision politique. Ils peuvent en tous cas compter sur le soutien de certains parlementaires. En Commission Culture du Sénat, Jean-Pierre Leleux, particulièrement proche de la filière du cinéma, a insisté sur le « déséquilibre entre cinéma et musique qu’il conviendrait de combler ». Les sénateurs s’accordent toutefois sur la nécessité de résoudre les problématiques liées au financement qui pourraient entraver la concrétisation du projet de Maison commune de la musique.

Crédits d’impôt

L’audition de Françoise Nyssen a en parallèle été l’occasion d’une clarification sur les intentions du Gouvernement vis-à-vis de plusieurs dispositifs financiers plébiscités. Après en avoir fait son cheval de bataille durant la campagne présidentielle, le Syndicat National des Entrepreneurs du Spectacle (SNES) a de nouveau appelé de ses vœux la création d’un crédit d’impôt théâtre. Sans se prononcer sur une éventuelle mise en place à l’avenir, la Ministre a tout de même annoncé que l’extension du crédit d’impôt spectacle au théâtre serait en cours d’étude. Quant au crédit d’impôt en faveur de la production phonographique, une évaluation sera menée l’année prochaine. Toujours dans l’optique de favoriser l’émergence et le développement des artistes et des entreprises, la pérennisation du FONPEPS est une autre orientation du Ministère de la Culture. La poursuite des contrats avec les filières des musiques actuelles dans les régions va également en ce sens. Pour autant, malgré la mise en place et la pérennité de dispositifs favorables aux entreprises de la musique et du spectacle, les pouvoirs publics se montrent de plus en plus attentifs aux phénomènes de concentration. Au point de réfléchir activement à une régulation de ce qui est considéré comme menaçant pour la diversité culturelle.

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