Festivals : Les notes communes entre musiques classiques et actuelles

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Certains festivals de musiques actuelles s’ouvrent aux musiques classiques depuis et vice-versa. L’édition 2017 du Printemps de Bourges comptera plusieurs artistes de musiques classiques au sein de sa programmation. L’occasion d’un retour sur une cartographie inédite publiée l’an dernier par la Sacem sur les festivals de musiques classiques, lyriques et contemporaines en France. Résultat d’une collaboration avec France Festivals, la Philharmonie de Paris et le Cepel (CNRS), l’étude décrypte un paysage des festivals classiques qui se révèle hétérogène et moderne, non loin de celui des festivals de musiques actuelles.

Les musiques classiques sont plus accessibles et moins élitistes. C’est une nécessité de premier ordre, liée à la problématique de rajeunir et de varier les publics du fait d’une moyenne d’âge toujours trop élevée. Pour autant, le paysage des festivals de musiques classiques est en réalité moins concentré et monotone qu’il n’y paraît. La Carto’classique recense en 2015 pas moins de 551 festivals classiques, lyriques et contemporains, évènements périodiques durant au moins deux jours et programmant trois concerts minium. C’est un tiers des musiques actuelles (1 615) et un quart des festivals toutes musiques confondues (2 119). La prédominance des musiques de chambre, au nombre de 224 (41%), n’entache pas l’équité des genres de festivals malgré une répartition qui l’est moins sur le territoire, notamment du fait des spécificités culturelles des régions. L’on dénombre 79 festivals dédiés au chant lyrique, 74 à la musique ancienne, baroque et romantique, ou encore 57 à l’orgue et le piano.

47 festivals de musiques classiques et actuelles

Les festivals sont donc en première ligne dans l’orientation des musiques classiques, lyriques et contemporaines à élargir à leurs publics respectifs. Le mélange des genres joue un rôle prépondérant, au point d’être un facteur dynamisant la fréquentation. 324 des 551 festivals mêlent différents genres dont la musique de chambre, le chant lyrique, la musique ancienne ou encore la musique contemporaine. Trois des cinq festivals les plus fréquentés en 2015, à savoir Les folles journées de Nantes (154 000), Le festival Radio France de Montpellier (120 000), et Le festival international de piano de la Roque d’Anthéron, mêlent les genres classiques. Et les publics pas forcément férus de musiques classiques profitent aussi à leur fréquentation. D’après l’étude, 47 festivals soit 9% programment des musiques actuelles, en particulier les musiques du monde (45%) et le jazz (27%). Parmi eux le festival classique le plus fréquenté, Les nuits de Fourvière (191 000), où Michel Polnareff était à l’affiche cet été, mais également le Festival de Carcassonne (58 000), où Maitre Gims et Nekfeu se sont produits en juillet. Deux festivals prenant place dans les régions aux offres les plus denses.

Equité des territoires

Les musiques classiques confirment ce que les musiques actuelles préfiguraient. Le Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont été en 2015 les régions les plus riches en matière de festivals de musiques classiques avec chacune environ 60 évènements. Elles étaient suivies par l’Aquitaine, le Centre, la Bretagne et le Midi-Pyrénées qui en comptaient entre 29 et 60. Cependant l’iniquité des régions en matière de densité des festivals était réelle jusque l’an dernier. Il s’organisait moins de 15 festivals dans 7 régions sur 22. L’entrée en vigueur le 1er janvier dernier de la loi NOTRe, avec le découpage à 13 régions au lieu de 22, a donc eu un double effet. Elle est venue corriger les carences en équité territoriale des festivals. Alors qu’elle était de 46% l’an dernier pour 22 régions, la concentration des évènements de musiques classiques, lyriques et contemporains sur cinq régions (Rhône-Alpes, PACA, Languedoc, Aquitaine, Île-de-France) augmente à 61% cette année sur la carte des 13 régions. Désormais 42 festivals ont lieu en moyenne sur 13 régions, au lieu de 22 sur 22 régions. Ainsi le Limousin qui comptait moins de 15 festivals bénéficie de l’activité de l’Aquitaine (29 à 60) et du Poitou-Charentes (15 à 28), à l’instar de l’Alsace et la Champagne-Ardenne avec la Lorraine et sa quinzaine de festivals classiques. Seule la Corse où l’on recense moins de 15 évènements voit son activité inchangée pour des raisons évidentes.

Compétitivité

La nouvelle répartition territoriale des festivals de musiques classiques, lyriques et contemporaines est on ne peut plus bénéfique pour l’élargissement de leurs publics. L’appui solide des subventions et des mécènes leur permet de gagner en attractivité avec des prix plus accessibles. C’est le cas des festivals les plus récents – 58% festivals classiques ont moins de 20 ans – comme des nouveau-nés, au nombre de cinq en 2015. Cela n’a toutefois pas empêché l’arrêt de quatre festivals l’an dernier. Pour les festivals de musiques actuelles s’ajoute donc la concurrence des festivals classiques, amenés à être de plus en plus compétitif dans les prochaines années. Or leur écosystème se concentre déjà, depuis la baisse des subventions ces dernières années, sur le sponsoring et les recettes propres (billetterie, consommation, merchandising). L’étude révèle en effet que les festivals de musiques classiques se concentrent sur les cinq territoires de prédilection des festivals de musiques actuelles (Auvergne et Rhône-Alpes ; PACA ; Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes ; Languedoc, Midi-Pyrénées ; Île-de-France). Et deux tiers d’entre eux se déroulent en été.

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