Déconcentration des revenus à l’export de la musique made in France

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Le dernier bilan économique de la musique made in France à l’étranger a été publié par le Bureau Export à l’occasion du  Midem. Les résultats de l’année 2016 mettent en exergue les relais de croissance par le biais desquels l’export s’affranchit de plus en plus de ses acquis.

Le renouveau à l’export des répertoires produits en France qui s’est confirmé en 2016 s’est accompagné d’une diversification des revenus. La valeur de la musique made in France à l’international s’est élevée à 628 millions d’euros l’an dernier, soit une hausse de 10 millions par rapport à 2015, et de 25 millions d’euros en deux ans. Dans le détail, les flux financiers en provenance des pays étrangers ont progressé de 5 millions (+2%), atteignant 262 millions d’euros. L’export doit toujours une majeure partie de ses revenus aux collectes de droit d’auteur (+0,1%) et droits voisins, qui cumulent pas moins de 119,1 millions d’euros, et représentent 32% des recettes de la filière. Mais la croissance de la musique made in France à l’international a surtout été provoquée par la progression des revenus de la musique enregistrée.

72% des revenus en digital

Avec 56 millions d’euros générés par les ventes d’albums et de singles à l’étranger, dont 72% sur le numérique, ce sont 6 millions d’euros de plus qu’en 2015 qui ont été générés à l’export. La croissance du streaming sur les principaux marchés européens comme le Royaume-Uni (+61%), l’Allemagne (+73%), ou encore l’Italie (+30%), à laquelle s’ajoutent celles sur le marché américain, a également bénéficié aux répertoires produits en France. Au point que 46% des écoutes de titres made in France aient été réalisés à l’étranger au cours de l’année, d’après le bilan du Bureau Export. Avec 860 millions de streams cumulés, Kungs a largement dopé les chiffres du streaming de la musique made in France à l’international, avec entre autres Imany et ses 300 millions d’écoutes, ou encore Jain (80 millions). Les plateformes de streaming, à l’instar des plateformes VOD pour les films, sont de véritables vitrines pour l’exposition et l’accessibilité de la musique sur les marchés. C’est précisément pour renforcer l’exposition de la musique française sur les plateformes de streaming, et évidemment impulser l’engouement des publics à l’international pour les titres émergeant dans les charts, que le Bureau Export a inauguré au Midem le lancement de ses playlists « What the France ».

Déconcentration

Le marché de l’export est de moins en moins concentré pour la musique made in France. Malgré la prédominance du numérique en termes de revenus, les succès des artistes français et / ou produits en France à l’international se composent encore des ventes significatives en physique. L’année 2016 de la musique française à l’international a été marqué par les excellents résultats de Maitre Gims, Christine and the Queens et MHD entre autres. Le bilan économique du Bureau Export révèle que pas moins de 40% des recettes de la production phonographique ont été réalisées en dehors de l’Europe, alors que seuls 28% l’étaient en 2013. Le marché de l’export de la musique reste cependant dépendant de l’Amérique du nord, qui représente encore 67% des revenus générés en dehors de l’Europe. En parallèle, la déconcentration de l’activité d’exportation de la musique made in France s’opère également dans le secteur du spectacle. Avec un chiffre d’affaires de 66,2 millions d’euros, le spectacle représente davantage que la musique enregistrée à l’export, et compte pour environ ¼ des flux financiers provenus de l’étranger en 2016. L’Europe reste largement majoritaire en matière de spectacles – 71% des revenus – mais le chiffre d’affaires réalisé en dehors du marché européen est tout de même passé de 22% à 29% entre 2015 et 2016. De quoi confirmer le potentiel de la musique made in France à conquérir de nouveaux marchés, tant par le biais du streaming qu’en matière de spectacle. Autant d’arguments supplémentaires pour la filière, outre les bonnes performances des artistes en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni, pour faire valoir la nécessité d’augmenter le budget du Bureau Export. Au printemps, dans les propositions adressés par la filière aux candidats de la présidentielle et à leurs représentants, figurait une demande à hauteur de 5 millions d’euros.

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