Baisse des phonogrammes enregistrés au dépôt légal en 2016

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Les indicateurs de l’état du marché de la musique enregistrée sont communiqués plusieurs fois par an par les bilans et rapports du Syndicat National de l’Edition Phonographique (Snep). Une lecture différente du secteur peut être faite avec les données de l’Observatoire du dépôt légal, qui propose une photographie de l’édition phonographique exhaustive et complémentaire.

Les effets des mutations du secteur de la musique enregistrée, scindés notamment entre éclatement de la production indépendante, concentration de la production autour des majors, ou encore évolution des modes de consommation, ne se traduisent pas que sur les finances du marché. Ils s’étendent également, entre autres, au patrimoine de l’édition phonographique. La 6ème édition de l’Observatoire du dépôt légal a récemment été publiée par le Département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France. L’édition phonographique a été moins productive en 2016, malgré un marché de la musique enregistrée plus rentable avec le retour de la croissance et un nombre quasi-stable d’albums commercialisés (248) d’après le rapport du Snep. Et pour cause, c’est une baisse substantielle (-20%) qui a été constatée sur l’année 2016 avec 8 797 phonogrammes enregistrés au dépôt légal contre 11 480 dépôts en 2015. Une baisse de productivité notamment due aux cessations d’activité de producteurs tels que Naïve ou Abeille Musique. Le nombre de déposants, constitué par les labels procédant au dépôt légal des phonogrammes lors de leur mise à disposition du public, est d’ailleurs passé de 845 à 774 en deux ans. L’institution estime que les réorganisations au sein d’autres labels, comme Wagram Music, et qui ont eu moins de références, ont également participé à la baisse du dépôt légal. Le nombre moyen de dépôt de références est passé de 33 dans les années 2000 à 13 depuis 2014.

Convergence

Les chiffres du patrimoine de l’édition phonographique convergent avec les tendances du marché de la musique enregistrée. Les maisons de disques concentrent les dépôts de phonogrammes avec moins de 52% du nombre des références en 2016 et avec chacune plus de 1 000 titres pour Sony et Warner et près de 2 000 pour Universal. Seuls cinq labels ont déposé plus de 100 références l’an dernier, avec plus de 200 pour deux d’entre eux, Wagram (236) et Harmonia Mundi (421) La résistance du support physique sur le marché, qui en 2016 représentait encore 59% des revenus du marché et 66,8% du nombre d’albums vendus, se traduit également sur la productivité du secteur de l’édition phonographique. L’an dernier, 6 607 références au dépôt légal de la BnF avaient la particularité d’être mises à disposition du public au format physique sur un total de 8 797. Le vinyle, qui effectue un retour en force dans la consommation de la musique, a vu son nombre de références au dépôt légal multiplié par 5 ces cinq dernières années. La bascule du marché de la musique enregistrée qui se préfigure actuellement pourrait toutefois ralentir l’évolution du patrimoine de l’édition phonographique destiné aussi à être en convergence avec la productivité actuelle du secteur. Le Département de l’Audiovisuel de la BnF attribue également la perte de vitesse du dépôt légal aux efforts des producteurs et distributeurs d’étoffer leur offre de catalogue sur les plateformes, entre autres pour des raisons économiques. « La diversification de la production rend plus complexe la collecte de dépôt légal […] Les chiffres de ces dernières années sont révélateurs d’une évolution des pratiques d’écoute musicale liées à un développement accéléré des nouvelles technologies mais aussi de production. La démocratisation des technologies a participé à donner naissance à de nouveaux circuits de production » note la BnF dans son rapport annuel. Le nombre de phonogrammes au dépôt légal a baissé de 40% en cinq ans.

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