Le Babel Med Music, premier grand rendez-vous de l’année pour la filière musicale, se tiendra en fin de semaine à Marseille. Consacré aux musiques du monde, l’évènement professionnel cultive ses différences vis-à-vis de ses concurrents de Bourges (Rencontres professionnelles du Printemps), de Cannes (Midem), de Paris (MaMA) ou encore de Nantes (BIS). Avec toujours comme ambition première d’impulser la diffusion des musiques du monde. Une spécificité qui alimente l’intérêt des acteurs de ces mêmes musiques, bien supérieur à celui d’autres acteurs de la filière.
Le Babel Med Music s’attèle à innover et à se développer en vue de défendre son positionnement. Les musiques du monde sont évidemment parmi les moins populaires. Rarement présentes dans le classement des meilleures ventes d’albums, dans les grandes salles de concert et à la programmation des grands festivals. Mais elles ont le mérite de participer au renouvellement et à la diversité de la musique. Certaines têtes d’affiche originaires de l’Afrique ou de la Caraïbe trouvent leur public en France malgré une diffusion plus que restreinte à la radio et la télévision. Le succès de Calypso Rose dans les salles de concerts et aux Victoires de la musique l’a dernièrement démontré. Combinaison d’un marché, de rencontres professionnelles et d’un festival, le Babel Med Music est au carrefour de l’économie des musiques du monde en France. Un créneau sur lequel se situe aussi le Midem, qui malgré une perte de vitesse considérable ces dernières années reste très attractif pour les professionnels des musiques du monde et les acteurs des marchés étrangers en quête d’export, et surtout de visibilité sur les principaux marchés mondiaux et sur la scène internationale. Le Babel Med Music entretient tout de même sa singularité en étant le seul évènement exclusivement dédié aux musiques du monde, sans doute la clef de voute de sa pérennité.
2 000 professionnels, 75% de revenants
Le Babel Med Music se doit de convaincre de son importance au sein du paysage des évènements B2B. Elle n’est pas évidente à jauger. L’évènement semble surtout être plébiscité par les acteurs émergents et en développement. Il faudrait connaître le poids des activités des structures présentes dans l’économie globale. Ce sont tout de même 2 000 professionnels dont la moitié de français qui devraient y être présents pour présenter leur catalogue et vendre leurs artistes en spectacle en France et à l’étranger. Un marché qui serait indispensable pour une large majorité des professionnels participants puisque ce sont environ 75% de revenants qui sont enregistrés chaque année. « Nous évaluons le taux de renouvellement du Babel Med Music à 20%. Un certain nombre de professionnels viennent en moyenne tous les deux ans. L’on constate que les résultats des rencontres et discussions entre professionnels se concrétisent à partir de la 2ème année. Le caractère très convivial du Babel Med Music en est aussi une singularité, et il entretient la participation régulière au sein du marché professionnel » commente Florence Chastanier, Déléguée Générale. Mais le Babel Med Music se retrouve face à la nécessité de renouveler son offre pour parvenir à entretenir la fréquentation des professionnels à défaut de pouvoir l’élargir. Les tables rondes de l’évènement n’en sont pas les points forts. Certaines permettront toutefois de mettre en exergue les spécificités musicales de certaines régions du territoire. Et pour cause, les organisations à l’avant-garde de la filière musicale assurent une présence restreinte au Babel Med Music. Peu d’équipes dirigeantes feront le déplacement. Un engouement moindre des acteurs majeurs, de manière globale, qui s’explique notamment par le caractère estampillé musiques du monde du Babel Med Music, qui s’élargit au jazz cette année. Et si certaines conférences semblent être orientées pour que les débats concernent globalement toute la filière, elles restent loin des priorités et enjeux de la filière, qui plus est en campagne.
‘Collectif des marchés des musiques’
La place accordée à l’export est assurément le point fort du Babel Med Music. Cette année sera présenté le ‘Collectif des marchés des musiques’, composé outre le Babel Med Music de l’Atlantic Music Expo (Cap vert), du Visa for music (Maroc) et de l’Indian Ocean Music Market (Réunion). « Créer des passerelles était une volonté très forte. L’objectif de cette initiative menée conjointement avec la Sacem dans le cadre de l’action culturelle est de faciliter la programmation d’artistes sur ces quatre territoires qui seront labellisés. Nous aspirons aussi à encourager l’échange de professionnels participants aux quatre marchés qui ont chacun leurs spécificités autant que des points et intérêts communs » explique Florence Chastanier. Le Babel Med Music est également plébiscité en tant que vitrine sur l’Europe et sur les autres continents. Notamment, une quinzaine de producteurs du Canada, une dizaine de producteurs catalans ainsi que des italiens y assureront une présence importante en vue de signer des contrats avec les organisateurs de spectacles présents. L’équipe d’organisation du Babel Med Music assure que les contrats entre producteurs, diffuseurs et artistes sont au cœur des échanges et des rendez-vous qui rythment l’évènement B2B. Pour autant les chiffres quant aux deals qui y sont conclus ou même discutés ne sont pas connus. Ils devraient l’être prochainement. D’après la Déléguée Générale, « c’est compliqué de chiffrer le nombre de contrats signés pendant et après le Babel Med Music parce que les retombées ne sont pas immédiates. L’an dernier, un groupe qui s’y était produit deux ans auparavant venait de signer une tournée au Japon après y avoir rencontré ses nouveaux partenaires ».
750 000 euros
L’écosystème du Babel Med Music semble être suffisamment bien ficelé pour en assurer la pérennité. Le budget de l’évènement B2B, qui s’élève à 750 000 euros, est financé par la Région PACA à hauteur de 35%. « Les subventions publiques soutiennent le Babel Med Music qui favorise le développement de carrières de nombreux artistes de France et du monde entier. La trentaine de concerts qui réunit 15 000 spectateurs fait du Babel un véritable évènement de découverte pour les publics. Et le soutien de la région reste indispensable, malgré l’importance des fonds propres » précise Florence Chastanier. Les recettes générées par la location de stands par les professionnels, les accréditations et la billetterie des concerts composent 20% du budget. Le Babel Med Music peut également compter sur l’appui des organismes professionnels qui lui attribuent des aides pour un total de 20%, tandis que les partenariats privés en bouclent le budget. L’équipe d’organisation assure toutefois rester vigilante quant à l’évolution de la politique menée par les pouvoirs publics, qualifiant le financement de l’évènement de « bataille permanente ». C’est d’ailleurs pour pallier à toute baisse de subventions éventuelles et à la réduction de soutien de ses partenaires que l’évènement aspire à de nouvelles sources de revenus. Le Babel Med Music pourrait être appuyé par une banque ou par une grande entreprise lors de sa prochaine édition en 2018.
