Le renouveau de la musique made in France à l’export

6
minutes

©️ Bureau Export

Les résultats 2016 de la musique made in France à l’international ont été dévoilés en début de semaine. L’export est une des premières bonnes nouvelles de l’année pour la filière. Bien qu’à l’instar du marché français de la musique enregistrée qui retrouve le chemin de la croissance, il doit plus que jamais son salut au streaming. La filière compte en profiter pour que les moyens en la matière soient renforcés.

[ihc-hide-content ihc_mb_type= »block » ihc_mb_who= »unreg » ihc_mb_template= »3″ ]

Au-delà des charts en France, des salles de spectacle et des festivals, les révélations de la scène musicale française ont su éclore et s’imposer à l’international en 2016. L’export de la musique made in France a fortement progressé en 2016. D’après les données du Bureau Export, les certifications pour les répertoires français sur les marchés étrangers ont augmenté de plus de 50%. L’an dernier, pas moins de 38 albums et singles ont été certifiés or, platine ou diamant contre seulement 24 en 2015. Une hausse dynamisée par le streaming qui a fait son entrée dans les ventes sur le marché français l’an dernier. Cette prise en compte était plus que nécessaire pour refléter au mieux la consommation de la musique, le streaming étant plus répandu sur de nombreux marchés étrangers par rapport à la France et ses 3,8 millions d’abonnés payants. Au-delà de cette impulsion, la musique made in France s’est surtout mieux vendue et imposée à l’international grâce aux multiples succès des artistes de la nouvelle génération.

Les révélations surclassent les grands noms

Les artistes piliers de la production française, qui occupaient le classement des certifications à l’export en 2015, ont été surclassés par les révélations des années 2014, 2015 et 2016. David Guetta est le seul resté largement en haut du classement avec 2 millions d’albums tandis que Zaz et Florent Pagny (50 000) ont l’an dernier été devancés par les jeunes artistes. Alors que 2015 avait été l’année de l’émergence de Louane et Christine and the Queens à l’export, 2016 a été celle de la confirmation. Toutes deux ont maintenant passé la barre des 200 000 albums vendus. Après Maitre Gims dont le dernier album s’est écoulé à près de 200 000 exemplaires à l’étranger grâce à d’excellentes ventes en Italie, Kendji Girac est l’artiste qui s’est le mieux exporté en 2016 avec plus de 100 000 ventes de son dernier album, tandis que son premier album s’est hissé au haut du classement (293 000) après Indila (808 000). Mais la meilleure performance à l’export a certainement été réalisée par Jain, révélation de l’année 2016 tout juste sacrée artiste féminine de l’année aux Victoires de la musique. Son premier album ‘Zanaka’, sorti fin 2015 et dont les ventes avaient réellement démarré avec sa prestation devant les 2,9 millions de téléspectateurs des Victoires 2016, s’est écoulé à près de 65 000 exemplaires à l’étranger en 2016, alors que dans le même temps il s’en est écoulé plus de 200 000 en France. Jain sera d’ailleurs l’une des valeurs fortes de l’export de la musique made in France en 2017.

Le streaming, relais de croissance

Devenu son mode de consommation de prédilection – à l’heure où le téléchargement baisse d’en moyenne 20% par an – l’arrivée du streaming dans la comptabilisation a véritablement impulsé les ventes de singles. L’export en a clairement bénéficié. En 2015, sur les 24 premières certifications obtenues par les productions françaises, seuls sept étaient pour des singles. La domination des albums à l’export est maintenant inversée. 23 des 38 meilleures ventes à l’étranger de productions françaises sont des singles. Le bilan du Bureau Export est mieux représentatif de la scène des musiques actuelles. La diversité y est mieux représentée avec Willy William, Imany, Calypso Rose et Jain. Les jeunes artistes qui enchainent les succès ont enfin une reconnaissance de la filière en matière d’export, à la hauteur de leur contribution au rayonnement de la musique made in France. Ils occupent la quasi-totalité du classement des singles. Ce dernier est dominé par Kungs et son titre ‘This girl’ cumulant 656 millions de streaming soit 18 certifications diamant, suivis par deux titres de David Guetta totalisant 500 millions et Imany avec ‘Don’t be so shy’ (176 millions). Et parmi les jeunes artistes, les révélations ont également réalisé d’excellentes ventes à l’export. Avec respectivement 59 millions de streams et 37 millions, ‘Aloha’ de Mome et ‘Come’ de Jain ont été certifiés singles diamant en 2016, tandis que ‘Sunset lover’ de Petit Biscuit a été certifié single d’or (19 millions).

5 millions d’euros

Les excellents résultats de la musique made in France à l’international ont été réalisés à un moment plus qu’opportun. L’export a longtemps été concentré sur un nombre limité de gros artistes (Mylène Farmer, Calogero, Florent Pagny, etc.) bien que ces dernières années quelques jeunes interprètes (Zaz, Stromae, Joyce Jonathan) ont rencontré des succès à l’étranger. La nouvelle génération s’impose désormais. La filière musicale veut accompagner ce renouvellement et cette progression de la musique made in France à l’international. Elle en a fait une priorité. Le Bureau Export joue un rôle de premier plan. En 2014, 20% des 602 millions d’euros des revenus de l’export étaient issus de la musique enregistrée. Il y a deux ans le Bureau Export a attribué 1,2 millions d’euros aux acteurs de la musique et l’ensemble du dispositif d’accompagnement des professionnels a coûté plus d’1,6 millions d’euros. Mais les moyens manquent face l’omniprésence des artistes anglo-saxons sur les principaux marchés mondiaux. Concernant le budget 2017, la dotation supplémentaire de l’Etat, à hauteur de 500 000 euros, était conditionnée à un effort proportionnel des organismes professionnels. A l’approche de l’élection présidentielle, les politiques s’accordent sur la nécessité de consolider le rayonnement de la France à l’international. La musique y contribue fortement. Bien plus que le cinéma, qui en 2016 a enregistré des résultats décevants à l’étranger. La filière musicale attend maintenant des engagements plus forts. Parmi les 13 propositions à destination des candidats figure une augmentation du budget alloué par l’Etat à hauteur de 5 millions d’euros. Pour l’heure, les organismes de l’Etat attribuent une enveloppe totale de moins de 2 millions d’euros.

[/ihc-hide-content]

Partager cet article