Les musiques du monde plébiscitent une meilleure exposition dans les médias

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Période électorale oblige, les multiples rencontres de la filière musicale s’organisent autour des propositions des acteurs pour défendre leurs intérêts respectifs. Celles des musiques du monde seront débattues à l’occasion du Babel Med Music.

Les musiques du monde ambitionnent de s’engouffrer dans la campagne présidentielle. Elles réclament une place au sein des débats et des programmes politiques par le biais d’une campagne « Aux sons » actuellement menée jusqu’aux élections. Une initiative de Zone Franche, qui fédère une centaine de producteurs et diffuseurs entre autres, en vue de promouvoir la nécessité de revaloriser les musiques du monde dans le paysage musical. Les professionnels accusent un état plus que jamais fragilisé des musiques du monde. Une position discutable, au moins en matière de spectacle vivant. Bien qu’elles aient représenté, avec 21,7 millions d’euros, seulement 3% de la billetterie du spectacle en 2015, les recettes de la billetterie des musiques du monde ont progressé de 23% d’après le dernier bilan du CNV. L’offre des spectacles estampillés musiques du monde trouve donc son public. Leur fréquentation a globalement augmenté de 31% entre 2014 et 2015, tandis que la fréquentation moyenne par spectacle a progressé de 22%. Pour autant, il faut reconnaître le manque voire la quasi-absence d’engagement des pouvoirs publics pour encourager et soutenir la diffusion des musiques du monde.

Une diffusion dans les médias quasi-nulle

Déjà reléguées à la radio, les musiques du monde ont certainement subi la baisse des nouveautés à hauteur de 20% (7 000 titres) constatée par Yacast en 2016. Reste à savoir si les répertoires de musiques du monde chantés en français ont bénéficié ou pas de l’augmentation (10%) de la diffusion des titres francophones. La faible diffusion des musiques du monde à la radio et à la télévision est tout sauf une surprise. Elle s’avère néanmoins être quelque peu correcte sur les radios thématiques au point d’être en progression sur Latina, TropiquesFM, Nova et FIP. La question de l’accessibilité des musiques du monde est un problème permanent. Leurs lacunes en la matière expliquent, entre autres, la réticence des programmateurs de radios. Bien qu’il faille souligner que certains répertoires très accessibles soient tout aussi exclus. Aussi, le fait que les artistes des musiques du monde sont rarement présents dans les charts en dit long sur leur difficulté à convaincre les publics. Et la problématique de la monétisation qui prévaut auprès des publics captifs se consolide dès lors que la musique est exposée à une audience plus large. L’entrée des chiffres du streaming dans la comptabilisation des ventes n’a pas dopé les musiques du monde dans les classements de ventes d’albums et de singles. D’autant que très peu de ces artistes y réalisent l’essentiel de leurs ventes. Les chiffres de ces derniers sur les plateformes gratuites (YouTube) comme payantes (Spotify, Deezer), ne les classent donc pas parmi les musiques les plus consommées en ligne. S’y ajoute la question de la capacité à rassembler le plus grand nombre. Une partie de la réponse pourrait se trouver dans la diffusion des musiques du monde dans les radios généralistes. Globalement, ces dernières ont diffusé moins de musiques du monde. C’est le cas de France Inter, qui lui fait une place à hauteur de 6% de sa programmation, France Bleu (2,9%) et RTL (0,9%). Seule NRJ (2,6%) affiche une progression de 1%. D’après le rapport 2015 de la Philharmonie de Paris qui s’était penchée sur la diversité dans le paysage radiophonique, la présence des musiques du monde est encore plus insignifiante à la télévision. La musique représenterait 13,3% de la programmation de la TV avec en son sein seulement 2,4% de musiques du monde. Là-encore, c’est une évidence, l’enjeu d’améliorer la diffusion de la musique à la télévision étant commun à l’ensemble de la filière musicale.

Des quotas de 10% à la radio et à la télévision

C’est une offensive non des moindres qui a été entamée pour améliorer l’exposition des musiques du monde dans les médias. Alors que certains candidats à la présidentielle ébauchent leurs propositions pour la Culture, après Tous Pour La Musique et la Spédidam c’est au tour de Zone Franche de formuler ses vœux. A vrai dire, il s’agit davantage de souhaits de voir être mise en œuvre une politique pour la diversité de la Culture. Zone Franche demande des engagements en termes de création, de production, de diffusion, d’éducation artistique et de médiatisation. Sans définir de préconisations concrètes et chiffrées pour permettre aux musiques du monde d’émerger et de se développer. En revanche, une demande on ne peut plus claire des acteurs des musiques du monde vient, certes dans une moindre mesure, rouvrir le dossier des quotas radios. Zone Franche réclame l’instauration de quotas à la radio comme à la télévision à hauteur de 10% pour les musiques du monde. A trois mois des législatives. Deux députés, dont un soutien d’Emmanuel Macron, donneront leurs positions respectives lors du débat consacré aux musiques du monde au Babel Med Music, tandis que deux candidats aux élections prendront la parole au nom de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon. Avec, peut-être, des engagements à la clé.

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