« Music moves Europe » : la Commission Européenne engagée pour la diversité

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Le poids économique de la musique, le leadership des acteurs américains dans tous les écosystèmes qui la composent, ainsi que les perspectives de croissance offertes par le streaming pour la musique enregistrée, viennent consolider la diversité en tant qu’enjeu majeur pour la filière. La musique des pays de l’Union Européenne se doit d’être présente sur le marché et d’y gagner en compétitivité. C’est précisément ce que souhaite impulser la Commission Européenne, plus précisément de la DG Education and Culture, avec « Music moves Europe ».

La Commission Européenne est clairement plus visible et identifiée comme étant du côté de la création quand il s’agit de défendre la diversité plutôt que quand il est question de partage de la valeur. La place de la musique dans la politique de soutien à la Culture de la Commission Européenne, au travers Creative Europe (453 millions d’euros pour la Culture entre 2014 et 2020), est amenée à progresser dans les années à venir. Le programme Creative Europe (1,46 milliard d’euros) s’achève en 2020. Son budget à la Culture était en grande partie consacré au MEDIA programme, dédié au cinéma et à l’audiovisuel. Le prochain programme qui succèdera au Creative Europe actuel devrait accorder une place d’envergure à la musique. Cette année au Midem, la Commission Européenne a assuré une présence aussi remarquable que l’an dernier, sous la bannière « Music Moves Europe ».

Un MEDIA-like pour la musique

La diversité, considérée comme fondamentale pour le directorat Education and Culture, s’est naturellement trouvée au centre de l’intervention de sa Directrice Générale Martine Reicherts. La Commission Européenne appréhende les conséquences futures du leadership permanent des américains sur le marché de la musique, et de l’appétence perpétuelle des consommateurs pour les contenus américains, qui se fait au détriment des œuvres européennes. « L’exception culturelle est l’une de nos valeurs fondamentales. Si nous ne trouvons pas de solutions aux problèmes qui se posent actuellement, dans 5, 10 ou 20 ans il n’y aura plus de musique européenne » a déclaré Martine Reicherts au Midem. C’est pour contrecarre la perte de compétitivité tant redoutée que la Commission Européenne envisage un programme consacré à la musique. « Français, italiens, hongrois, grecs, nous sommes tous différents, et nous devons garder nos spécificités. Nous avons donc commencé à travailler sur un programme spécifique qui sera un MEDIA-like pour la musique » a annoncé Martine Reicherts, DG de l’entité Education and Culture de la Commission Européenne. Les grandes lignes de la composition du programme, dont le slogan « Music Moves Europe » en est un des prémices, ne sont pas encore connues. « Rien en Europe n’est rapide. Nous avons maintenant trois ans pour identifier les besoins, analyser le marché et voir avec les professionnels ce que nous allons inclure ou non dans ce programme » s’est justifiée Martine Reicherts, qui a admis que ce n’était pas une solution rapide ni une réponse exhaustive à tous les problèmes auxquels se retrouvent confrontées les filières musicales européennes en matière de compétitivité et de diversité. Mais l’ambition est d’ores-et-déjà de « répliquer pour la musique le succès du MEDIA programme, en s’en inspirant, tout en prenant d’abord en compte les singularités de la musique » a précisé Michel Magnier, Directeur du département Culture and Creativity à la DG EAC.

« European playlists »

La Commission Européenne s’applique actuellement à défendre et à soutenir la musique européenne sur le marché numérique. Au Midem, elle a annoncé un partenariat avec les plateformes Spotify et Deezer et en collaboration avec le réseau de l’export de la musique européenne (EMEE) pour la création de trois playlists composées d’œuvres de 23 pays. Et pour susciter l’engouement du public autour du label « European playslists », est adossée à l’initiative un « Europe’s perfect playlist challenge ». La Commission a fait savoir au Midem que le projet avait été lancé avec des moyens financiers relativement limités. Une première contre-offensive à ce que Michel Magnier qualifie de « domination des répertoires anglo-saxons », qui est « un obstacle pour la musique européenne sur le marché ». Et au-delà d’un engagement pour la diversité, c’est également une opération habilement menée dans la stratégie de la Commission Européenne de regagner la confiance des acteurs du secteur de la musique.

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