La « Maison commune de la musique », cheval de bataille de la filière

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La filière musicale est unanimement confiante vis-à-vis de la Ministre de la Culture. Françoise Nyssen a été catégorique au Midem, premier évènement de la musique de ce quinquennat. En privé, avec les décideurs, comme en public, en introduction du Copyright Summit et auprès de la presse. La Ministre s’est engagée à appuyer la lutte contre le transfert de valeur à Bruxelles, la lutte contre le piratage, mais également à défendre les acquis afférant au droit d’auteur ainsi que la juste rémunération des artistes-interprètes. En parallèle, l’annonce d’une mission sur la « Maison commune de la musique » a confirmé la volonté du Ministère de la Culture de s’investir pour que la musique soit « en marche ». La filière musicale en a pris acte, et a d’emblée fait du projet l’enjeu premier en ce début de quinquennat.

Une filière unie parce qu’étant composée d’acteurs qui convergent sur le projet de « Maison commune de la musique ». C’est le message adressé le jour de la Fête de la musique à l’occasion du traditionnel Déjeuner de la filière musicale. Françoise Nyssen et les membres de son cabinet, Marc Schwartz, Pierre-Emmanuel Lecerf et Claire Guillemain, ainsi que la Directrice de la Création Artistique (DGCA) Régine Hatchondo, et l’ancien député Patrick Bloche étaient présents pour l’entendre. Mais l’absence de députés élus et la non-représentation d’autres institutions est à souligner, alors que le Déjeuner de la filière a cette année eu lieu quelques jours après les législatives. Une différence notable avec le Cinéma, des députés et politiques français et européens étant chaque année présents aux conférences du CNC au Festival de Cannes. C’est précisément pour y pallier, afin que les priorités et enjeux de la filière musicale soient régulièrement évoqués en présence de parlementaires que le Directeur Général de la Sacem, Jean-Noël Tronc, a proposé la création d’un groupe de parlementaires autour de la musique.

Le spectacle à l’avant-garde

La feuille de route de la filière musicale en ce début de quinquennat a été clarifiée à l’occasion du Déjeuner organisé par le syndicat des producteurs de spectacle, diffuseurs et salles (Prodiss). Il faut dire que si les multiples propositions des acteurs étaient en cohérence avec l’intérêt général de la filière, des orientations différentes avaient été prises lors de la campagne de la présidentielle. Les propositions de ‘Tous Pour La Musique’, trait d’union des maillons du secteur, avaient mis l’accent sur l’éducation et l’offre en régions, avec la sécurité des spectacles et le partage de la valeur. Celles du Prodiss étaient principalement axées sur l’écosystème de la musique avec le développement des entreprises et des artistes, et l’export. Il faut dire qu’au printemps, le Prodiss s’était clairement positionné à l’avant-garde de la filière musicale, en faisant sienne un certain nombre de propositions répondant aux attentes majeurs du secteur, comme l’export et le développement, mais également en relançant le débat sur la Maison commune. La « Maison commune de la musique » a comme prévu été au centre des échanges entre décideurs et professionnels lors de la Fête de la musique. Globalement, la musique et du spectacle s’accordent sur le fait que la consolidation de l’écosystème de la musique et du spectacle est conditionnée à l’aboutissement du projet. « Nous, entrepreneurs, faisons face aux mêmes défis. Les entreprises créent de l’emploi et provoquent des retombées en régions. Notre secteur constitue une industrie culturelle et créative. » a rappelé Luc Gaurichon. Pour le Président du Prodiss et producteur (Caramba spectacles), « Il faut aller plus loin dans la structuration de la filière. La question du financement est globalement posée. Il faut que l’Etat s’attache, de façon concertée, à anticiper avec des dispositifs de soutien adéquats à la vitalité de la filière et à renforcer ceux existants. Et la ‘Maison commune de la musique’ constitue une opportunité de nous fédérer et de développer une approche mutualisée, déterminante pour le développement de la filière. Parce que jamais la convergence des préoccupations n’a été aussi manifeste ».

Majorité

La filière de la musique mise beaucoup sur la concrétisation du projet de « Maison commune de la musique ». Au-delà de sa portée symbolique, il s’agit d’apporter une « réponse politique à la hauteur des ambitions en matière de développement » a précisé Jules Frutos (Alias production). Et à un tournant majeur pour la filière, ceux qui sont à l’avant-garde du chantier de la « Maison commune de la musique » s’attèlent à ne pas laisser de marge aux éventuelles dissonances. « C’est très important de camoufler les porteurs de ragot qui ne cessent de miser sur les divisions de la filière. Nous sommes réunis pour que cette mission ne soit pas la énième mais la bonne. Nous voulons participer à cette mission de manière très active et déterminée » a insisté Jules Frutos. Evidemment, l’absence de certains décideurs et le silence de certains autres au Déjeuner de la filière pose la question de leur position quant à la « Maison commune de la musique ». En tout état de cause, le Centre National des Variétés (CNV), les producteurs de spectacle, diffuseurs et salles (Prodiss), les producteurs de phonogrammes (SNEP, SPPF), une minorité d’artistes (ceux représentés par la GAM), les auteurs dramatiques (SACD), les éditeurs (CSDEM) ou encore les syndicalistes (SNAM-CGT) composent la majorité qui fait pencher la balance de la filière en faveur de la « Maison commune ». Reste à savoir si leurs participations combinées seront en cohésion avec les conclusions de Roch-Olivier Maistre, à qui la Ministre de la Culture a confié la mission sur la « Maison commune de la musique », et qui doit notamment en évaluer le périmètre d’activité, la représentation de tous les intérêts dans la gouvernance, ainsi que la structuration et le financement. Le rapport du Conseiller-Maître à la Cour des Comptes sera remis à Françoise Nyssen fin septembre.

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