L’offre légale consolidée par le streaming dans les habitudes des consommateurs

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Offrant un angle de vue complémentaire sur le marché de la musique enregistrée, les indicateurs de la consommation sont source de données importantes. Parmi les tendances scrutées par les décideurs et professionnels émergent la percée du streaming avec en son sein la prédominance de YouTube qui va de pair l’enjeu de la juste répartition de la valeur créée. Et évidemment, la balance entre consommation légale et illégale est un élément illustrant tout aussi bien de la bonne tenue du marché mondial.

Le développement de l’offre légale limite la progression du piratage dans la consommation de la musique. Les résultats de l’enquête Ipsos pour l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), menée dans 13 pays, le confirment. Le chiffre de 96% d’internautes consommant de la musique via l’offre légale au premier semestre n’est pas celui qui le démontre le plus, la radio ayant été comptabilisée. L’an dernier à la même période, hors radios, ce sont 71% des consommateurs en ligne qui avaient déclaré consommer légalement. Le nombre d’internautes consommant la musique en physique et en digital a légèrement progressé (+2%) au cours des six premiers mois 2017 pour atteindre la barre des 50%. On le sait, l’évolution des habitudes de consommation se matérialise par la baisse des ventes en physique au profit du streaming, dont le rôle de relais de croissance n’est plus à démontrer. L’étude Ipsos permet de suivre l’évolution du streaming dans les pratiques à différents niveaux.

Le streaming audio s’impose

Le streaming tient un rôle de premier plan dans la consolidation de l’offre légale. Le nombre de consommateurs dans le monde déclarant consommer de la musique en streaming audio a augmenté de 8% durant les six premiers mois de l’année, à 45%. Une progression commune aux 13 pays représentant 85% du chiffre d’affaires du marché, qui a notamment été impulsée par le mobile devenu le support de prédilection des contenus. En 7ème position en termes de part d’utilisateurs de streaming audio, la France (46%) est à la 3ème place des marchés européens loin derrière la Suède (66%) et l’Espagne (55%), mais devant la Grande Bretagne (43%) et l’Allemagne (41%). Toujours en matière de streaming au niveau international, le gratuit reste sans surprise majoritaire avec une part de 39% dans les habitudes des consommateurs. Le premium a néanmoins bien avancé dans les habitudes de consommation, passant de 18 à 27% en 2017. Une progression notamment constatée auprès des jeunes publics âgés de 16 à 24 ans, dont la part d’utilisateurs est passée de 32 à 37% en un an. L’écoute de la musique via des plateformes audio a bien évidemment augmenté cette année sur cette tranche d’âge et en particulier sur les 13-15 ans avec une part d’utilisateurs passée de 54% à 67% en 2017. Là-encore, cette évolution va de pair avec celle de l’utilisation du mobile, 84% des jeunes entre 16 et 24 ans déclarant écouter de la musique par ce biais contre 79% l’an dernier. Et les nouvelles habitudes de consommation en faveur du streaming et du mobile ne nuisent pas tout à fait aux pratiques classiques. Sur l’échantillon des personnes de 13 à 64 ans interrogés par Ipsos pour le rapport ‘Music consumer insight’ de l’IFPI, ils sont 44% à déclarer consommer de la musique en physique et en téléchargement. La musique achetée en physique ou en téléchargement et la musique écoutée en radios ont d’ailleurs toujours des parts majoritaires en termes d’écoute dans les habitudes des consommateurs, avec respectivement 22% et 40% à l’échelle mondiale.

La pratique du piratage en hausse de 5%

Bien que l’on puisse lui attribuer de limiter son évolution, l’offre légale n’arrête cependant pas la progression du piratage. L’augmentation de la consommation de la musique se traduit également par le piratage. En un an, 40% (+5%) des consommateurs ont déclaré avoir recours à des services illégaux. Dans son rapport publié cette semaine, l’IFPI confirme le stream-ripping en tant que pratique du piratage nuisant particulièrement à l’offre légale. 35% des interrogés dont 53% des 16-24 ans ont déclaré en faire usage pour télécharger la musique de clips mis en ligne sur les plateformes de streaming vidéo, contre 30% en 2016. Google est d’ailleurs pointé du doigt par la Fédération internationale de l’industrie phonographique, qui souligne que 54% des consommateurs de chansons exploitées par des sites illicites y auraient accès par Google. De quoi donner un nouvel écho à la modernisation du statut d’hébergeur des plateformes souhaitée par les ayants-droit et les partisans de la création dans le cadre des réformes en chantiers à Bruxelles. L’ambigüité entourant le rôle des plateformes vis-à-vis des contenus mis en ligne étant le point commun entre le piratage et le transfert de valeur, à la source de manques à gagner considérable pour créateurs et les ayants-droit.

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