L’export du spectacle entravé par les conditions administratives et fiscales

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Véritable vecteur de croissance pour les secteurs de la musique enregistrée et du spectacle, le caractère indispensable de l’export n’est plus à démontrer. Le streaming a levé les barrières des marchés étrangers pour de nombreux artistes français. Cependant la facilité n’est pas de mise pour l’export des spectacles. Les professionnels multiplient les prises de parole pour susciter l’engagement des pouvoirs publics.

Les artistes français contribuent au rayonnement de la France sur la scène internationale. Les têtes d’affiche de la musique made in France, tous genres confondus, ne cessent de confirmer qu’elles peuvent être compétitives et séduire les publics des marchés étrangers à l’occasion des festivals ou lors de leurs tournées. Parmi les exemples les plus parlants, les tournées américaines de Jain au printemps 2017 et de MHD à l’automne dernier, les nominations de Christine and the Queens aux Brit Awards et de MHD aux BET Awards. L’année 2018 ne devrait pas celle d’un coup d’arrêt avec notamment la programmation de 11 artistes français au festival californien Coachella dont Jean-Michel Jarre, Justice, MHD, ou encore Petit Biscuit. « On ne peut pas imaginer ce que peuvent représenter les retombées lorsque des artistes comme Christine and the Queens ou Justice font des concerts à l’étranger. La France est au 1er rang mondial devant le Royaume-Uni et les USA, preuve de son influence, son image, son prestige et son attractivité dans le monde » s’est félicité Luc Gaurichon, Président du Prodiss et producteur (Caramba spectacles) aux BIS de Nantes. Et pourtant, les producteurs de spectacle et agences de booking font face à de nombreuses difficultés pour exporter les spectacles de leurs artistes.

Allègement des procédures et conditions

L’export est aussi primordial pour l’économie du spectacle que pour celle de la musique enregistrée. Au sein du Bureau Export qui compte plus de 400 adhérents « 200 ont une activité de booking » d’après Marc Thonon son Directeur. Les professionnels s’appliquent à identifier au mieux les besoins afin d’optimiser l’export des spectacles. C’est ce qui est ressorti des échanges sur les stratégies en matière d’export du spectacle durant les BIS Nantes. « Depuis quelques années on a compris que l’export était devenu majeur. Nous avons progressé sur la connaissance des marchés. La spécificité de notre secteur est que l’on va à l’étranger on emmène des équipes artistiques, techniques et professionnelles lors qu’on programme un concert à l’étranger. Il y a donc toute une gestion administrative, sociale et fiscale avec les conditions et la législation étrangère à connaître en plus de celles qui s’appliquent en France » a observé Malika Séguineau, Directrice Générale du Prodiss. Le syndicat des producteurs de spectacles et le Bureau Export sont en quête de solutions aux principales entraves de l’export. Les difficultés pour les professionnels ne sont pas des moindres. Et ce d’autant que ces entreprises « qui sont des TPE à plus de 90% et n’ont pas de département dédié à l’international » pour Malika Séguineau. Du point de vue des professionnels, les conditions administratives et fiscales sont de véritables « freins » notamment du fait de « procédures complexes » qui peuvent mettre en périls l’aboutissement de projets à l’export. C’est d’ailleurs pour des raisons liées aux conditions d’obtention de visas que le groupe PNL avait été contraint d’annuler sa programmation au festival Coachella l’an dernier. Et cela commence dès les demandes d’autorisations de travail et de visas considérés comme très compliqués et coûteux, au point que l’appui de cabinets d’avocats et de prestataires de services basés dans le pays de destination soit plus que nécessaire. A un moment où les politiques se montrent soucieux du rayonnement de la France et qu’ils reconnaissent le rôle de la Culture en la matière, les professionnels du spectacle en particulier ceux réunis au sein du Prodiss appellent de leurs vœux à ce qu’ils se saisissent du dossier. « Nous souhaitons attirer l’attention des pouvoirs publics sur ces problèmes que n’ont pas les autres secteurs » a insisté Malika Séguineau. Des propositions concrètes quant aux attentes en la matière n’ont pas été communiquées. Parmi les effets souhaités émergent l’allègement des procédures comme des conditions en matière d’administration, de fiscalité et de cotisations sociales.

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