Le CNV, les régions et les DRAC alliés pour dynamiser le spectacle et la musique dans les territoires

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Le développement de l’offre de spectacles et la pérennité des structures sont des priorités constantes pour les professionnels comme pour les pouvoirs publics. Des enjeux qui vont de pair avec la consolidation de l’écosystème du spectacle sur l’ensemble du territoire. Pour l’impulser, plusieurs conventions ont été signées depuis 2013 entre le CNV, les régions et les DRAC pour octroyer des aides financières à des structures qui font la vitalité du secteur dans les régions de par les projets qu’elles développent. Si les premières conventions s’inscrivent dans une phase expérimentale, depuis 2017, c’est une véritable politique conventionnelle qui en train de se développer avec la signature de plusieurs conventions. L’occasion de dresser un premier bilan des conventions signées dans les régions, en particulier en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Bretagne et dans le Grand Est.

Enrichir l’accompagnement des professionnels et des artistes en régions en leur donnant les moyens de concrétiser et de pérenniser leurs projets. Un objectif ambitieux poursuivi par le Centre National des Variétés en association avec plusieurs régions et Directions Régionales des Affaires Culturelles avec les multiples partenariats signés en 2017. Ils ont été mis en place dans pas moins de six régions sur treize: la Bretagne, le Grand Est, la Normandie, la Nouvelle Aquitaine, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dès son arrivée en 2014, le Directeur du CNV s’était particulièrement investi avec l’appui des instances de l’établissement pour faciliter la mise en place de ces partenariats. La collaboration avec les régions et les DRAC figurait d’ailleurs parmi les priorités de l’établissement mentionnées dans sa lettre de mission. « Le CNV est très ancré sur le territoire avec des instances composées de 150 à 200 professionnels qui viennent de la France entière. Depuis quelques années, nous allons encore plus à la rencontre des acteurs en régions, nous y avons tissé un lien pour contribuer à ce que le secteur se développe. Les réseaux de musiques actuelles sont très mûrs dans plusieurs régions, mais certains projets spécifiques, comme les projets de petite taille et les projets naissants, n’étaient pas couverts par le spectre d’intervention des commissions du CNV. Les partenariats permettent d’y remédier » explique Philippe Nicolas. Les secteurs du spectacle et de la musique enregistrée ne sont pas au même stade de développement dans toutes les régions. Les conventions de partenariat entre le CNV, les régions et les DRAC contribuent à harmoniser la structuration des filières en régions et entre les différents territoires. « Nous avons identifié un besoin de coopération et d’échange entre les territoires. Certaines régions ont des niveaux de structuration différents, tandis que certaines ont des réseaux de salles et d’autres des réseaux de producteurs. Les mécaniques de coopération et de co-construction entre les opérateurs publics sont des outils pertinents pour combler les manquements des dispositifs existants » observe Philippe Nicolas. Ces conventions s’inscrivent donc en complémentarité avec les différents dispositifs de soutien au sein des régions, des DRAC et du CNV, qu’il s’agisse d’aides à la création ou à la diffusion. Les politiques culturelles des régions ne se limitant bien évidemment pas aux conventions signées avec le CNV et l’Etat.

Les régions, acteurs de la structuration du spectacle et de la musique

La Culture est présentée par les élus et leurs équipes comme occupant une place non des moindres dans les politiques menées par les régions. Mais les affirmations quant à la place de la musique et du spectacle au sein des politiques culturelles des régions sont quelque peu imprécises. Certains festivals de musiques actuelles ont été confrontés à des baisses drastiques de subventions ces dernières années. Si les diminutions en séries des subventions octroyées par les régions aux festivals sont indéniables, résumer les politiques culturelles des régions à cet état de fait serait avoir un angle de vue réducteur. « Il y a eu une attention très forte portée à la Culture ces dernières années. Nous sommes sur une stabilité des budgets alloués à la Culture comme s’y étaient engagés les élus. En termes de soutien financier, nous sommes à peu à parité entre musiques actuelles et musiques classiques. La Culture a toute sa place au sein de la politique de la Région et ce tant sur un aspect économique, du fait de sa contribution au rayonnement de la région et des retombées économiques engendrées, que pour sa dimension sociale et sociétale » estime Christian Laget, Directeur de la Culture au sein de la région PACA. En Bretagne, l’on revendique « une région qui a une histoire en matière de musiques actuelles de par des évènements incontournables comme les Vieilles Charrues, les Trans Musicales, Astropolis ou encore la Route du Rock. La place de la Culture est importante. La Région est également dynamique de par son maillage de salles qui s’étend bien au-delà des scènes labellisées SMAC avec une dizaine de salles spécialisées musiques actuelles qui sont aidées à hauteur de 600 000 euros rien qu’au titre des frais de fonctionnement et ce sans compter les aides complémentaires comme les résidences d’artistes » précisent Vincent Peres, Responsable du service arts et développement territorial et Thierry le Nédic, Directeur de la culture de la Région Bretagne. Une politique culturelle d’envergure, c’est aussi ce que l’on défend en Région Grand Est : « Notre priorité était de rassembler les acteurs pour construire une dimension culturelle pour toute une région qui se veut le résultat de la fusion de trois territoires distincts. Le comité consultatif de la culture travaille de manière horizontale, et non plus par secteur, sur des thématiques qui vont de l’attractivité à la formation en passant par le transfrontalier. La multiplicité des acteurs est une chance, nous sommes maintenant mieux armés pour répondre aux attentes des professionnels. Par exemple, nous avons maintenant la possibilité d’actionner des leviers pour donner plus de visibilité aux structures lors d’évènements comme les BIS de Nantes ou IFK à Francfort » expose Pascal Mangin, Président de la Commission Culture de la Région Grand Est.

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Du développement et de la collaboration entre les acteurs en Région Bretagne

Les conventions sont présentées par le CNV comme par les Régions comme étant calibrées pour répondre aux besoins constatés dans les territoires. En Bretagne, où a été signée une convention en juin 2017 pour trois ans, « l’accent a été mis sur la structuration des entreprises de production, sur le numérique et sur la coopération entre les acteurs » précise Vincent Peres. La Bretagne fait d’ailleurs partie des régions les plus avancées en la matière. Une expérimentation de deux ans menée en 2015 et 2016, pour un budget total de 110 000 euros, avait permis de soutenir dix-huit projets. Le budget de la convention signée l’an dernier s’élève à 190 000 euros, financé à parité par le CNV et la Région (80 000 euros) et par un apport de 30 000 euros de la DRAC. L’accompagnement des parcours de développement artistique, le développement stratégique des entreprises de production, la collaboration entre les acteurs des musiques actuelles, le développement des pratiques de coproduction des salles de musiques actuelles, et le développement du numérique et des nouveaux usages sont les composantes du champ d’intervention de la convention. D’après le Responsable du service arts et développement territorial de la Région Bretagne, il est encore tôt pour faire un bilan complet de cette première année d’accompagnement des projets et des structures, les aides au titre de l’année 2017 ayant été octroyées il y a quelques mois. Au total, ce ne sont pas moins de dix-sept projets qui ont été aidés sur les trente-sept reçus. Le parcours de développement et le développement du numérique, qui ont été les appels à projets les plus sollicités, sont aussi ceux pour lesquels le plus de projets ont été aidés avec respectivement six et cinq projets.

La Région PACA dans une logique de filière

Les régions ont leurs spécificités dans les secteurs du spectacle et de la musique au-delà d’avoir quelques besoins communs. Les orientations des conventions signées entre les régions, les DRAC et le CNV sont donc singulières du fait d’objectifs distincts. C’est le cas de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui avec un nombre de festivals compris entre 120 et 200 (étude CNV / SACEM / IRMA 2016), des salles de toute configuration, et une offre très diversifiée du fait de sa situation géographique est l’une des régions les plus denses en matière de spectacles. « On privilégie le développement stratégique des maisons de production qui a longtemps été un point faible dans la région. On est sur la structuration économique de la filière. Il y a une volonté globale de doter le secteur du spectacle vivant d’une vraie logique de filière » précise Christian Laget. La convention signée en 2017 s’accompagne d’une enveloppe de 125 000 euros, composée de 50 000 euros du CNV et de la Région et de 25 000 euros de la DRAC. Le soutien à la création pour le renouvellement des talents et de l’offre artistique est bien entendu une ambition de la convention, mais les appels à projet ont été orientés sur le développement économique des structures ainsi que la coopération et la mutualisation entre les acteurs. Quatorze projets ont été soutenus pour l’année 2017. La Région PACA fait un bilan nettement positif de la première année de la convention, mais « il faudra attendre pour voir si on a aidé les maisons de production à augmenter leur catalogue, à améliorer la diffusion des artistes » estime son Directeur de la Culture.

La Région Grand Est engagée pour la mise en réseau

En tant que zone limitrophe avec quatre pays européens (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse), la mise en réseau est au centre de l’approche du Grand Est. La région travaille d’ailleurs à la mise en place d’un réseau des festivals. La convention signée en 2017, qui acte une phase d’expérimentation, porte sur un budget de 55 000 euros dont la moitié est financée par le CNV et la Région outre l’apport de la DRAC. « La contractualisation a du sens si les moyens et objectifs sont adaptés aux acteurs du territoire. Nous avons eu des discussions poussées avec le CNV parce qu’il est important pour nous de soutenir les projets les plus viables » commente Pascal Mangin. A l’instar d’autres conventions, le soutien à l’émergence et le numérique sont parmi les grands axes de la convention signée entre la Région Grand Est, le CNV et la DRAC. Mais il s’agit bien d’une convention convergeant en tous points avec la politique culturelle de la région, une place de choix étant faite pour la mise en relation des festivals et des plateformes de diffusion ainsi que pour le développement des échanges transfrontaliers. Ces deux orientations ont d’ailleurs été les objets des appels à projet de l’an dernier. « Nous avons la volonté de démontrer la capacité de la Région Grand Est à accueillir et d’accompagner des acteurs sérieux et crédibles à l’extérieur du territoire. Cela se concrétisera par le fait d’emmener des acteurs lors d’évènements dans les pays voisins pour qu’ils se projettent sur ces territoires mais aussi pour qu’ils comprennent ces autres modèles économiques » assure le Président de la Commission Culture. Sur la trentaine de projets reçus, six projets ont été sélectionnés dont quatre portant sur le numérique et deux sur la mise en relation.

Des conventions dans la quasi-totalité des régions avant 2020

Une collaboration fructueuse et vertueuse s’est installée entre le Centre National des Variétés, les Régions et les Directions Générales des Affaires Culturelles au fil des ans. « Nous avons effectivement eu la bonne surprise de constater qu’en plus de la maturité des acteurs, il y avait une réelle envie de travailler ensemble. La relation entre les services de l’Etat et les collectivités locales est maintenant en train de s’étendre avec un intérêt croissant des métropoles » se félicite Philippe Nicolas, Directeur du CNV. A la région Bretagne, l’on fait aussi un bilan positif de ce partenariat : « nous travaillons avec réactivité et efficacité avec le CNV du fait d’un dialogue permanent. Le CNV nous nourrit sur sa connaissance du secteur et nous de la connaissance que nous avons sur nos territoires » confirme Vincent Peres. Après cette phase d’expérimentation avec plusieurs régions, le CNV s’applique à poursuivre le développement des coopérations entre l’Etat et les collectivités territoriales. Au point que l’on puisse s’attendre prochainement à de nouvelles signatures de conventions. Philippe Nicolas l’assure « Le CNV est prudent dans son approche en tant qu’organisme à taille humaine qui doit se projeter dans pas moins de treize régions. Des discussions sont effectivement avancées avec plusieurs régions, avec cet objectif de mailler l’ensemble du territoire, outre-mer y compris, dans les toutes prochaines années ». Et en parallèle, la structuration des secteurs du spectacle et de la musique devrait s’accélérer avec de nouveaux « contrats de filière », version agrémentée des « conventions de partenariats ». Le premier a été signé l’an dernier avec la Région Nouvelle-Aquitaine, en présence de Françoise Nyssen, à l’initiative de l’Etat. Plusieurs Régions se disent avoir la volonté de travailler comme les contrats de filière. Mais certaines insistent toutefois sur plusieurs conditions pour aller plus loin dans la coopération avec le CNV et les DRAC, tels que les synergies à venir entre les régions et le Centre National de la Musique, ou encore le constat des effets vertueux des aides octroyées aux projets durant les phases d’expérimentation. [/ihc-hide-content]

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