La croissance des collectes de droits d’auteurs indissociable de la progression sur le numérique

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La dynamique de progression des perceptions de droits d’auteurs se poursuit. En 2018, ce sont 9,65 milliards d’euros qui ont été collectés selon la nouvelle édition du guide des collectes de la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs Compositeurs (CISAC). Les collectes ont certes augmenté de 25,4% en cinq ans, mais la progression a été plus faible en 2018 avec +0,9%. Un rythme de croisière insuffisant pour les sociétés d’auteurs qui poursuivent l’objectif constant de percevoir davantage de droits auprès des plateformes.

8,49 milliards d’euros de droits d’auteurs ont été perçus en 2018 pour les répertoires musicaux. La musique représente 88% des collectes tous secteurs confondus avec une croissance de 1,8% en un an et une progression de 26,8% en cinq ans. La France a enregistré une hausse de 13,6% par rapport à 2017, avec une part de 11,9% dans les perceptions mondiales soit 1 milliard d’euros. Les États-Unis, leader absolu avec 22,8% des collectes pour 1,9 milliard d’euros, ont enregistré une hausse de 2,5%. Le Japon (819 millions d’euros), l’Allemagne (758 millions) et le Royaume-Uni (671 millions d’euros) suivent au classement. Ces cinq pays totalisent plus de 5 milliards d’euros de droits soit 2/3 des collectes mondiales. L’Espagne, 9ème pays contributeur en matière de droits d’auteurs, a réalisé la plus forte hausse (+29,4%) pour 227 millions d’euros. A contrario, la baisse la plus importante a été constatée au Brésil (-23,1%) désormais 10ème au classement. Toujours sur le plan géographique, malgré la domination américaine, l’Europe assure 52,5% des collectes de droits d’auteurs dans le répertoire musical devant l’Amérique du nord (25,6%) et la région Asie-Pacifique à 15,7%. « Les chiffres de 2018 fournissent des indicateurs encourageants sur notre secteur d’activité et permettent d’être optimistes pour son avenir » a commenté Gadi Oron, Directeur Général de la CISAC lors de la publication du guide des collectes.

Le numérique représente moins de 20% des droits d’auteurs collectés

L’exploitation des répertoires musicaux par les chaines de télévision et les radios a généré 3,2 milliards de droits d’auteurs. Et bien que le segment ait enregistré un repli de 3,1% entre 2017 et 2018, il a néanmoins progressé de 6,5% depuis 2014 et reste de loin la première source de collectes. L’utilisation des œuvres dans les lieux diffusant de la musique (salles de concerts, festivals, commerces) a permis aux sociétés d’auteurs de collecter 2,5 milliards d’euros en 2018, soit 15,8% de plus en cinq ans. L’évolution des habitudes de consommation de la musique impacte la configuration des collectes de droits pour les créateurs. La hausse de la consommation de la musique sur les plateformes joue un rôle déterminant dans la hausse des perceptions de droits. Le numérique est évidemment le premier acteur de la croissance des collectes au niveau mondial avec 1,6 milliard d’euros perçus auprès des plateformes en 2018. C’est 30% de plus qu’en 2017 et la progression s’établit à 185% entre 2014 et 2018 d’après les chiffres de la CISAC. En France, les perceptions de droits d’auteur sur le numérique ont bondi de 146% en 2018. Aux États-Unis, elles ont augmenté de 45,2%. Le streaming joue actuellement pleinement son rôle de moteur de la croissance du marché de la musique enregistrée avec une part de 47% des revenus. Néanmoins, en matière de droits d’auteurs le numérique reste la 3ème source de perceptions avec une part de 19,1%. De quoi contraster avec les volumes de streams toujours plus impressionnants sur YouTube notamment qui traduisent la popularité de la musique. « Plus que jamais, les sociétés sont confrontées à des sources de revenus fragmentées. Elles doivent donc faire preuve de plus d’adaptabilité et protéger les sources traditionnelles de revenus – direct et ambiance, télé- et radiodiffusion – tout en concluant de nouveaux accords pour monétiser l’exploitation des oeuvres sur YouTube, Facebook et les autres plateformes numériques » souligne Gadi Oron.

Vers une croissance des collectes sur le numérique en Europe grâce à la directive droit d’auteur

Le potentiel du numérique pour la rémunération des créateurs est considérable compte tenu de la hausse constante de la consommation de la musique sur les plateformes. Alors que l’Amérique Latine a réalisé en 2018 la plus forte croissance sur le marché de la musique enregistrée sous l’effet du streaming au Brésil et au Mexique d’après l’IFPI, la fédération internationale de l’industrie phonographique, les perceptions de droits d’auteurs au Mexique proviennent à 48,9% du numérique. La Suède, championne d’Europe en termes de taux de pénétration du streaming, est également un exemple avec une part de 42,8% de droits d’auteurs perçus sur le numérique. De quoi confirmer le potentiel relais de croissance du numérique et principalement des plateformes de streaming pour les collectes de droits d’auteur. Le déséquilibre entre la consommation de la musique sur YouTube et la part de revenus au sein du marché de la musique comme des droits collectés pour les créateurs en provenance de cette plateforme est évident. L’évolution du cadre réglementaire applicable aux principales plateformes que sont YouTube ou Facebook, qui se verraient imposer une responsabilité en tant qu’éditeurs de contenus et ne sont plus considérées comme de simples hébergeurs, permettrait aux sociétés d’auteurs de rééquilibrer le rapport de force et de négocier une meilleure rémunération pour les créateurs. En Europe, l’adoption de la directive droit d’auteur poursuit notamment cet objectif. Dans l’optique de la transposition de la directive dans les états membres, les sociétés d’auteurs européennes sont pleinement mobilisées pour que le texte leur permette de faire croître leurs perceptions auprès des plateformes exploitant les catalogues des créateurs. Et en parallèle, la CISAC poursuit l’accompagnement de ses sociétés membres dans les autres régions du monde pour adapter le cadre réglementaire aux enjeux liés à la rémunération des auteurs et compositeurs.

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