International : le Midem impulse l’export des artistes

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Le Marché International du Disque et de l’Edition Musicale s’attèle à se renouveler pour conserver sa place parmi les évènements leaders. Prévu du 6 au 9 juin prochain à Cannes, le Midem aura cette année pour thématique l’avenir de l’industrie de la musique. Un avenir qui passe également par le renouvellement des talents sur la scène internationale. C’est pour y contribuer que le Midem Artist Accelerator a été créé.

Le Midem veut être une plateforme de découverte et d’émergence de nouveaux artistes. Au vu du thème de l’évènement cette année, la 3ème édition du Midem Artist Accelerator devrait être particulièrement plébiscitée. Les neuf artistes sélectionnés par un jury composé d’acteurs de l’industrie bénéficieront d’un parcours professionnel tout au long de l’évènement B2B. Des pays très différents et des styles tout aussi variés devraient y être représentés selon Delphine Grospiron, Directrice du live au sein de Reed Midem : « C’est important pour nous de conserver cette diversité qui caractérise le Midem, où sont présents 65 pays, et qui est le reflet du paysage international de la musique ». L’objectif du Midem Artist Accelerator est de permettre aux artistes de rencontrer des collaborateurs pour exporter leur musique à l’international. Il peut s’agir de tourneurs, de producteurs ou encore d’éditeurs. « Le jury porte évidemment son attention première sur l’artistique puisque c’est le talent qui prime. Mais nous essayons tout de même d’avoir une sélection d’artistes qui soit pertinente et cohérente » commente Delphine Grospiron.

Solidité du projet d’export

Parmi les membres du jury sont annoncés Willy Ehmann de Sony Music Allemagne, Christian Bernhardt de l’agence américaine United Talent, Christopher Kaskie du média américain Pitchfork ou encore la française Laurence Muller, directrice artistique et agent. Les personnalités sont certes d’horizons différents et seul un leader de l’industrie est représenté, mais elles sont quasiment toutes originaires de pays européens et anglo-saxons. Il faut dire que les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne et la France était parmi les marchés les plus en vue des artistes étrangers notamment ceux de l’Asie et de l’Afrique. Mais cela pourrait engendrer que les artistes du Midem Artist Accelerator doivent s’aligner sur certains formats pour que leurs répertoires soient plus accessibles, comme le fait de chanter en anglais. C’était d’ailleurs le cas du groupe Far From Alaska, lauréat 2016. « La solidité du projet d’export ainsi que la résonnance qu’ont les artistes dans leur pays d’origine en termes de réseaux sociaux et de presse sont les priorités, indépendamment de la langue. Il est vrai que l’anglais est une mesure commune dans la musique mais si l’on regarde les artistes finalistes de l’an dernier, il y avait un rappeur du Ghana qui chantait dans sa langue maternelle. Far From Alaska chante majoritairement en anglais mais ils ont une partie de leur répertoire en portugais et donc auraient quand même été choisis» répond Delphine Grospiron, qui ajoute « Je crois qu’on aura une musique de variétés qui sera amenée à s’exporter davantage. La langue n’est plus tellement un frein et l’on voit des artistes très originaux qui émergent. Les styles se confondent et les portes de l’international s’ouvrent, y compris à des artistes français comme Christine and the Queens, nominée aux Brit Awards et PNL, programmé à Coachella. Et c’est aussi le rôle d’un évènement comme le Midem de continuer à accompagner tous les styles d’artistes, de tous les pays, d’où notre jury hétérogène ».

Un parcours à 360°

C’est un parcours à 360° qui est conçu pour les neufs artistes sélectionnés par le Midem Artist Accelerator durant quatre jours. Les sessions de mentoring avec des acteurs de l’industrie sont ponctuées par des rendez-vous professionnels du terrain où les stratégies d’export et de monétisation de la musique sont au centre des échanges. Sont particulièrement abordées les problématiques et enjeux liés au juridique, aux éditions, aux réseaux sociaux, au marketing et bien sûr à la stratégie d’export. Une valeur ajoutée pour les artistes quel que soit leur background et leur environnement professionnel, en particulier ceux qui ne bénéficient pas ou très peu de d’encadrement dans leur pays d’origine, notamment en Afrique ou en Amérique Latine. Le groupe Far From Alaska en a fait l’expérience. « Au Brésil, nous n’avons quasiment pas de dispositifs d’aides publiques alors que nous en avons énormément besoin. Alors on n’avait pas de grandes exigences au Midem Artist Accelerator, on est venu, on a eu plusieurs sessions de mentoring qui nous ont beaucoup apporté puis on a eu la surprise de remporter le prix du jury. »  Les artistes bénéficient également de sessions personnalisées en fonction de leurs besoins et de leurs objectifs, en plus de se produire devant des milliers de personnes durant les soirées du Midem. La Directrice live du Midem le confirme, « outre le tronc commun qui répond aux problématiques et enjeux de l’international et des nouvelles voies de monétisation, des aspects spécifiques liés aux désidératas des artistes sont ajoutés pour qu’en plus d’être les meilleurs services possibles ils répondent au mieux à leurs attentes ». Un dispositif qui fonctionne au vu de certains résultats constatés chez certains artistes.

De la scène du Midem au Download Festival de Live Nation

Les rendez-vous et rencontres qui ont eu lieu durant le Midem Artist Accelerator ont porté leurs premiers effets. « Nous n’avons pas dressé de bilan de manière exhaustive, mais nous avons de très bons retours. ‘Le Galaxie’ qui est un groupe irlandais d’électro a signé un deal de licence avec Sony US, un autre avec la boîte d’édition new-yorkaise Reservoir Media, et ils ont trouvé leur promoteur européen en la personne de Rob Hallet (Robomagic). Il y a de belles histoires qui se passent pour plusieurs artistes au fur et à mesure après leur aventure au Midem Artist Accelerator » fait savoir Delphine Grospiron. C’est ce que confirme Far From Alaska, un groupe de rock originaire du Brésil: « Cette expérience a été très intense. Elle nous a menés à plusieurs deals avec des acteurs de pays différents, nous avons augmenté nos abonnés sur les réseaux sociaux grâce à la visibilité du Midem, ce qui nous permet d’élargir notre public notamment en Europe. Ça n’aurait pas pu être mieux ». Durant le Midem, le groupe avait notamment rencontré la productrice américaine Sylvia Massy, qui a notamment travaillé avec les Red Hot Chili Peppers. Il confie d’ailleurs avoir signé « des deals pour faire une tournée de concerts, de sorte à  être diffusé sur un territoire plus large ». Une dynamique d’export qui commence à fonctionner puisque Live Nation France, qui vient de dévoiler la programmation du Download Festival, a confirmé que Far From Alaska sera en ouverture au milieu de Linkin Park entre autres. Les artistes qui aspire aux mêmes objectifs de développement ont jusqu’au 12 février pour envoyer leur dossier de candidature.

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