Les grandes lignes des richesses créées par le secteur du spectacle

5
minutes

Le cabinet EY a dévoilé les premiers indicateurs de la contribution économique du spectacle, en guise d’ébauche de son étude à paraître en juin prochain. Outre le poids en termes d’économie et d’emplois, l’étude mettra en exergue les initiatives du secteur en matière d’innovations pour faire face aux nouveaux enjeux.

Le Prodiss veut convaincre de l’importance du spectacle en tant que créateur de richesses sur le territoire français. Un secteur qui s’avère plus conséquent que la taille à laquelle il était jusqu’à alors estimé. C’est ce que devrait révéler et démontrer l’étude du cabinet EY actuellement en cours de réalisation pour le Prodiss. L’emploi, l’économie et l’innovation, que l’on sait considérés par les pouvoirs publics tous secteurs confondus, en constitueront les grands axes. EY estime à 4 000 le nombre d’entreprises investies. Et le spectacle peut se targuer de compter davantage de métiers distincts que l’immobilier, la publicité et la presse réunis. A la quarantaine de métiers chargés de l’encadrement et les artistes s’ajoutent près de 150 métiers plus ou moins essentiels à l’écosystème des spectacles, dont 40 pour l’administration et 105 pour la technique. Et une partie de ces métiers sont au premier plan des efforts fournis par les entrepreneurs du spectacle dans l’optique d’innover.

Fidélisation des publics

C’est principalement en matière de financement, de communication, de commercialisation et d’expérience des spectateurs que les producteurs, organisateurs de festivals et exploitants de salles s’attèlent à investir pour moderniser leur offre de spectacles. Ils ont dû rapidement s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation, notamment en calibrant leur offre pour les réseaux sociaux. Un constat général également partagé par les intervenants à la conférence du Prodiss au Printemps de Bourges. « Nous avions entamé un dialogue sur comment alimenter et élargir les communautés sur les réseaux sociaux avec les start-up et les plateformes qui se sont rapprochées de nous » a confirmé François Missonnier, Directeur de Rock en Seine. A ce propos, EY se penchera donc sur les initiatives qui ont eu pour effet de constituer des fan bases pour mieux fidéliser les publics. Gérard Pont, organisateur du Printemps de Bourges, a en parallèle souligné que « la communication a aujourd’hui considérablement évolué par rapport à ces dernières années. Les réseaux sociaux sont prééminents ». Les nouveaux outils proposés par les réseaux semblent satisfaire les entrepreneurs du spectacle de par leur efficacité. Et la capacité pour les organisateurs de festivals à atteindre des audiences importantes ne peut que conforter l’intérêt des sponsors, en quête de visibilité auprès des mêmes consommateurs. « Avec peu de moyens, on peut toucher beaucoup plus de monde. Facebook est plus efficace que n’importe quelle campagne d’affichage. On est au cœur de l’innovation. Les banques et industriels s’intéressent aux festivals » a ajouté Gérard Pont.

Commercialisation

L’aspect des innovations sur le plan de la commercialisation est assurément l’un des volets les plus attendus de l’étude EY. Les perspectives de croissance offertes par l’exploitation des données avec le ‘Client relationship management’, par le ‘Yield management’ – qui est en réalité quasiment inexistant dans le spectacle – et plus globalement par la billetterie dématérialisée devraient être particulièrement évoquées. Ce qui devrait mettre en exergue la multitude des pratiques d’un secteur encore peu mature en matière de billetterie. Il a pourtant été parmi les premiers à s’ouvrir aux innovations, d’après François Missonnier qui estimait que « les festivals ont été les premiers à mettre en place la billetterie de manière massive et dématérialisée. Rock en Seine l’avait fait au début des années 2000 et la SNCF s’y était donc intéressée ». En parallèle, des indicateurs de l’émergence du cashless devraient également être passés en revue. Il faut dire que le paiement dématérialisé se fait de plus en plus présent dans les festivals, de toutes configurations et ce aux quatre coins du territoire. « Les festivals ont été les premiers terrains de jeux sur lesquels les plateformes se sont penchées. On est très souvent sollicité par les start-up du numérique » a fait savoir François Missonnier.

Retombées économiques en régions

La création de valeurs constitue le point de convergence entre les emplois que compte le spectacle musical et variété, les innovations nécessitant les services de start-ups et les retombées économiques dans l’ensemble des territoires. D’après Marc Lhermitte du cabinet EY, le secteur dispose d’une véritable opportunité de s’imposer en tant qu’industrie culturelle et créative en installant une économie sur les territoires sur la durée. Cela nécessiterait notamment le fleurissement de jeunes entreprises, d’entrepreneurs et de professionnels dans les régions où sont organisées les spectacles en tous genres. « Je crois qu’il y a un avenir très intéressant sur lequel il faudrait réfléchir, qui est celui de l’installation d’une économie autour du spectacle. C’est cela qui rend un secteur indispensable et fait que l’activité de création et d’innovation se fixe avec de l’implantation d’entreprises et que des fonds de capital viennent par la suite » a expliqué Marc Lhermitte. En tout état de cause, les retombées économiques générées par l’offre de spectacles sur les territoires sont d’ores-et-déjà considérables. Gérard Pont, qui organise également les Francofolies, a livré des indicateurs très explicites en la matière : « A La Rochelle, uniquement sur les ventes de billets, on évalue à 12 millions d’euros les retombées pour la ville, qui nous aide à hauteur de 350 000 euros (apports en numéraire, en industrie). Autrement dit, pour 1 euro investi c’est 10 euros de retombées ». Autant de tendances qui devraient être retranscrites à l’échelle nationale et sur différents territoires dans l’étude EY qui sera présentée en juin prochain.

Partager cet article