Gestion sonore : les réflexes de protection toujours minoritaires

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Lors des rencontres professionnelles du Printemps de Bourges, Agi-son, qui porte la voix des professionnels du spectacle en matière de gestion sonore, a présenté les résultats d’une étude menée en partenariat avec le cabinet SoCo sur les comportements des spectateurs. L’on constate une évolution des comportements visant à se protéger des risques liés à l’exposition à la musique. Pour autant, ils sont loin d’être systématiques.

La causalité entre l’information des spectateurs et leurs comportements visant à se protéger des risques auditifs est confirmée par l’étude publiée par Agi-Son. Le succès et l’influence des opérations de sensibilisation des publics dans les lieux de diffusion de la musique restent à être confirmés. Malgré une satisfaction majoritaire, 30% des spectateurs estiment encore ne pas être informés en bonne et due forme. Et en parallèle, l’opération « Hein ?», menée pour la 14ème année par Agi-son dans 93 salles de concerts de moyenne jauge (150 à 800 places), a eu des effets positifs mais limités. 2/3 des spectateurs interrogés se sont déclarés satisfaits par la campagne d’information menée par Agi-son, dont près de ¾ des moins de 20 ans. Seulement, le taux de personnes atteintes par l’opération ne s’élève qu’à 33%. De quoi en limiter l’efficacité. En revanche sa pertinence a été largement confirmée par les spectateurs eux-mêmes, plus des ¾ touchés par la campagne d’Agi-son ayant confirmé vouloir adopter leurs comportements en se maintenant à distance du son. Et 2 personnes sur 3 seraient disposées à porter des protections.

1 jeune sur 4 de 18 à 24 ans inactif

La volonté affichée des spectateurs contraste avec leurs comportements. Les résultats de l’étude commandée par Agi-son auprès du cabinet SoCo sont sans équivoque. Les effets en termes de troubles auditifs ne sont pas exceptionnels auprès des spectateurs. 68% d’entre eux ont déclaré avoir déjà ressenti un acouphène après une exposition aux sons, et une hypoacousie – sensation d’entendre moins bien – a déjà été perçue auprès de 58% des interrogés. D’après l’étude, les réactions des spectateurs se feraient sans hésitation puisque 82% d’entre eux se protègeraient, en optant soit par l’éloignement, soit par une pause, soit par des protections. Toutefois, la marge de progression de l’évolution des comportements des spectateurs reste considérable. Et pour cause, les réactions des publics des salles de spectacle visant à se protéger des troubles causés par l’exposition aux sons restent occasionnelles. Dans tous les cas de figure, l’éloignement, la pause, et le port de protection, de manière systématique, restent minoritaires puisqu’intervenant davantage « parfois » que « toujours ». Et en réalité, « l’éloignement de la source du sonore » est l’attitude, et le réflexe, qui sont les plus adoptés par les spectateurs. Pas moins de 49% et 48% de ces derniers ont clairement déclaré ne pas opter pour des protections et de ne pas faire de pause durant les spectacles. L’inactivité des jeunes, certes moins importante qu’escomptée, est toutefois la plus élevée. 1 jeune âgé de 18 à 24 ans sur 4 n’adopte aucun comportement pour se protéger des troubles auditifs. De quoi contraster avec une étude menée par Ipsos publiée début 2015 par ‘La Semaine du son’, qui avait mis la puce à l’oreille des professionnels du spectacle et des pouvoirs publics en révélant que 59% des jeunes seraient inactifs malgré des troubles auditifs ressentis. Et alimenter les appréhensions et dissonances entre les partisans de la baisse du plafond acoustique que sont les pouvoirs publics, professionnels de la santé et les organisateurs et partenaires de ‘La semaine du son’ ainsi que les opposants que sont les professionnels du spectacle et de la musique.

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