Florence Portelli – Région Île-de-France : « L’amélioration de la diffusion du spectacle vivant en Île-de-France est une priorité de la Région »

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Florence Portelli, Vice-Présidente de la Région en charge de la Culture, du patrimoine et de la création

La diffusion et l’accessibilité de la Culture aux franciliens sont des priorités de la Région Île-de-France. Et en 2019, l’ambition de la Région Île-de-France est réaffirmée avec un budget en hausse pour le spectacle vivant, et de nouvelles aides en plus du renforcement d’aides existantes. Dans un entretien à CULTUREBIZ, Florence Portelli, Vice-Présidente de la Région en charge de la Culture, du patrimoine et de la création, détaille les priorités et grandes lignes de la politique déployée pour accompagner le secteur du spectacle vivant.

CULTUREBIZ : Quel état des lieux faites-vous vis-à-vis du secteur du spectacle, de sa santé économique et de sa contribution à l’économie des territoires ?

Florence Portelli : Nous avons en France et notamment en région Île-de-France un vivier de talents et d’artistes extraordinaires dans la musique, le spectacle vivant, le cinéma mais aussi dans les arts et d’autres domaines culturels. Le spectacle vivant est un domaine qui se porte bien mais rencontre des difficultés intrinsèques comme sur la diffusion pourtant cruciale. L’amélioration de la diffusion du spectacle vivant en Île-de-France est une priorité de la Région. C’est sur la base de ce constat que nous avons voulu aller beaucoup plus loin, et mettre en place trois nouveaux dispositifs en faveur de la diffusion, de l’accompagnement des artistes et de la structuration des équipes artistiques. En parallèle, nous avons opéré une modification de l’organigramme au sein de la direction de la culture de la Région. Nous avons ouvert seize postes supplémentaires au sein de cette direction et en particulier au sein du service spectacle vivant chargé des questions de diffusion.

« Il faut aussi continuer à renforcer l’émergence des jeunes talents franciliens »

Pouvez-vous résumer les grands axes de la politique menée par la Région Île-de-France ?

Nous avons investi massivement depuis 2016 en faveur de la diversité de la création et du développement de l’offre culturelle sur tout le territoire via notamment le financement de nouveaux lieux et d’infrastructures culturelles de qualité. Notre ambition est de faire rayonner la Culture en Île-de-France. En 2020, nous soutiendrons encore davantage le patrimoine et l’éducation artistique et culturelle (EAC) qui était le parent pauvre de la Région quand nous sommes arrivés en 2016. Le budget alloué à l’EAC a augmenté de 600% depuis 2015.

Il faut aussi continuer à renforcer l’émergence des jeunes talents franciliens. C’est l’objectif du dispositif FoRTE (fonds régional pour les talents émergents) qui permet de soutenir par un système boursier allant jusqu’à 2 500 euros 40 jeunes créateurs accompagnés pendant dix mois dans leur processus de création, de diffusion et d’insertion professionnelle par des structures culturelles professionnelles. Il faut que nous développions aussi davantage les résidences d’artistes que nous avons mises en place en mars 2017. C’est aussi la clé de l’émergence de nouveaux artistes.

La lutte contre les fractures territoriales est une autre priorité de la Région Île-de-France, où il y a aussi des campagnes reculées. Les habitants y ont difficilement accès à la Culture, notamment pour des raisons de financements, car l’État a réduit considérablement les dotations aux collectivités. Nous voulons aussi favoriser les projets culturels qui se réimplantent dans des lieux patrimoniaux ou dans des lieux qui ne sont pas forcément, à la base, des lieux de spectacles. La Culture doit pouvoir voyager et se trouver partout sur le territoire. Enfin, nous soutenons aussi des projets à vocation internationale, et accompagnerons notamment l’ONDIF au Liban, car la culture francilienne doit pouvoir rayonner dans le monde.

« Le budget dédié au spectacle vivant représente plus de 44 millions d’euros chaque année »

Comment s’organisent les nouvelles aides mises en place dans le secteur du spectacle et quels en sont les effets escomptés ?

Nous avons fait quelques ajustements afin de rendre notre politique plus efficace. Le plafond de l’aide la permanence artistique et culturelle a été relevé de 100 000 à 150 000 euros. Concernant l’aide à la résidence territoriale, la durée minimum a été et abaissée à quatre semaines tandis que le soutien financier pourra varier entre 5 000 et 40 000 euros alors que c’était entre 8 et 30 000 euros auparavant. Pour les aides à la création, il fallait avoir réalisé trois créations pour la solliciter et aujourd’hui le seuil a été assoupli à deux créations. Enfin, sur l’aide aux projets mutualisés pour les territoires ruraux et péri-urbains, nous avons relevé le plancher des villes à 20 000 habitants, contre 10 000, et ce afin qu’il y ait plus de villes concernées et davantage de projets culturels dans les territoires sous dotés. Nous augmentons aussi le taux d’intervention régional de 50% à 60%.

Trois nouveaux dispositifs sont mis en place avec une enveloppe globale de 180 000 euros. Le premier dispositif est une aide à la diffusion des œuvres avec notamment une aide à la tournée régionale et une aide à la diffusion en commune rurale et péri-urbaine. La Région s’engage ainsi à ce que les œuvres des compagnies, lieux ou opérateurs franciliens soient mieux diffusées sur le territoire. La deuxième aide est dédiée à l’accompagnement des projets artistiques. L’objectif est double puisqu’il s’agit d’aider les jeunes compagnies émergentes en les responsabilisant, en les encourageant à collaborer, et d’autre part, d’inviter les lieux à accompagner les équipes artistiques. Et pour permettre une meilleure connexion avec les talents et que les lieux soient vraiment partie prenante, nous avons prévu une aide à l’incubation de projets artistiques et au compagnonnage en favorisant les coopérations de long-terme. Aussi, nous avons mis en place une aide au repérage artistique et à la visibilité pour mieux mettre en valeur les lieux et projets. Le troisième volet porte sur une aide au pôle de coopération territoriale. L’enjeu est de favoriser le rapprochement durable d’acteurs fragiles et qui peuvent, en travaillant ensemble, proposer une réelle offre de spectacles sur un territoire. L’idée est aussi de mieux associer les collectivités territoriales, les lieux et les équipes pour construire ensemble un projet culturel des territoires. Notre volonté est de toujours mieux accompagner des acteurs qui ont longtemps été isolés, de sorte qu’il y ait une meilleure interconnexion entre les lieux, les compagnies, les collectivités, et que les projets prennent de l’envergure.

Comment l’ambition et la politique de la Région Île-de-France se traduisent sur le plan budgétaire ?

J’ai la chance d’avoir la délégation d’un secteur pour lequel le budget a considérablement augmenté et c’était un engagement fort de Valérie Pécresse. Augmenter le budget de la Culture, qui plus est à hauteur de 20%, n’est pas vraiment courant au sein des collectivités territoriales. Actuellement nous sommes pourtant déjà passés de 83 à 95 millions d’euros. Mais à vrai dire, je dois dire que nous ne sommes pas uniquement dans une logique de chiffres mais plutôt soucieux de l’efficience des aides attribuées. Ce qui nous importe est avant tout d’aider les bons projets, et en particulier les nouveaux projets de festivals de musiques actuelles (Macki Festival, Paris est Têtu, Ferté Jazz festival…), mais aussi des festivals de musiques classiques, et des lieux de programmation ou à travers les programmes d’aides. Le budget dédié au spectacle vivant représente plus de 44 millions d’euros chaque année.

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