Les indicateurs de la diffusion de la musique à la radio pour l’année 2017 sont particulièrement intéressants dans la mesure où ils dressent une cartographie de la diversité musicale sur une année complète, depuis les mesures en la matière instaurées par la loi LCAP en 2016.
La diversité de la musique à la radio est sur une dynamique de progression. C’est l’information majeure de la nouvelle édition du rapport de l’Observatoire de la musique sur le sujet. Il s’agit de la quinzième édition du document réalisé par les chargées d’études Judith Véronique et Isabelle Martiréné, mention nécessaire compte tenu du peu de données et d’études dont dispose le secteur. Pour rappel, le paysage radiophonique sur lequel porte l’étude de la diversité musicale se compose d’un panel de 42 stations comprenant 12 radios privées dont celles des groupes NRJ (NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire & Chansons), RTL (RTL, RTL, Fun Radio), Lagardère Active (Europe 1, Virgin Radio, RFM), les 4 radios publiques (France Inter, France Bleu, FIP et Mouv’), 23 radios indépendantes fédérées au sein du SIRTI dont Générations, 4 radios indépendants non membres du SIRTI dont Skyrock, Nova et M Radio (ex-MFM) ou encore une radio associative membre du SNRL. L’audience de la musique à la radio poursuit sa baisse globale avec un recul de 0,2% en 2017 à 231,6 milliards de contacts. Le recul est de 4,1% par rapport à l’année 2011. Pour autant, celle des répertoires francophones s’est légèrement accrue l’an dernier avec 90,38 milliards de contacts (+1%) et une part de 39,2%. La diversité musicale est en revanche au beau fixe, et ce tant en termes de titres, de diffusions, d’artistes, de nouveautés ou encore de concentration. D’après les chiffres relatifs à la diffusion globale de la musique à la radio, 115 657 titres différents ont été diffusés l’an dernier soit une augmentation de 6,5%. Le nombre de titres francophones a progressé de 7,9% avec un total de 18 108 morceaux et une part également en hausse (+0,2%) soit 15,7% contre une part (en recul de -1,4%) de 55,2% pour les répertoires internationaux. La tendance est également à la progression pour les diffusions avec un total de 4,48 millions de rotations en 2017 (+0,2%). Les rotations de titres francophones ont augmenté de 0,7% l’an dernier pour atteindre 1,41 millions et une part de 31,5%. Une hausse qui s’est opérée en défaveur des répertoires internationaux dont le nombre de rotations, 2,84 millions, a diminué de 0,7%. Sur les quelques 38 904 artistes diffusés (+8,1%), 6 365 sont francophones mais malgré une augmentation par rapport à l’année 2016, leur nombre a baissé de 1,7% depuis 2011 alors que le nombre total d’artistes a augmenté de 26,4%. Sur l’ensemble des diffusions, les nouveautés ont représenté 38% soit un peu plus de 43 000 titres (+16,3%), et surtout 56,5% de l’ensemble des diffusions. Les rotations des nouveautés ont d’ailleurs progressé de 30,3% depuis 2011.
La progression de la diversité des playlists appuyée par une baisse de la concentration
En complément de l’augmentation des rotations, des titres différents ou encore des artistes, la concentration au sein des playlists des radios a fléchi en 2017. Le nombre de titres ayant été diffusés plus de 400 fois a effectivement baissé 2,7% avec un total de 1 907 morceaux. Leur part (-0,2%) de même que leur nombre de diffusions (-2,4%) cumulées ont aussi baissé, bien que les rotations de ces titres représentent encore plus de 3,11 millions de diffusions. La concentration relative aux répertoires francophones s’est également amenuisée l’an dernier avec une baisse tant du nombre de titres (0,6%), que des diffusions (-1,2%). Les 715 morceaux interprétés en français diffusés plus de 400 fois ont tout de même cumulé plus d’1,05 million de diffusions en 2017, bien qu’ils aient diminué de 2% depuis 2011. Le nombre de titres diffusés plus de 200 fois a baissé de 0,6% avec 3 354 titres. L’on constate une sorte de mutation de la concentration qui se matérialise par une baisse des rotations supérieures à 400 et à 200 fois, et par une hausse des morceaux joués plus de 100 fois. Ces derniers ont augmenté de près de 5% l’an dernier avec un total de 5 308 titres, bien que la baisse soit équivalente depuis 2011. La nette progression des entrées des nouveautés est une autre tendance qui illustre le recul de la concentration dans le paysage radiophonique. En 2017, 3 429 nouveaux morceaux sont entrés au sein des playlists des radios soit 5,6% de plus qu’en 2016. Un total de 1 059 morceaux étaient des nouveautés francophones mais bien que leur nombre ait progressé (+2,8%), le nombre de titres a baissé de 16,7% depuis 2011. L’ensemble des nouveautés étaient interprétés par 2 356 artistes différents, un nombre en hausse de 8,8%. Et sur le plan de la production, la part en titres des majors a baissé de 8,1% en 2017 pour tomber à 31,4% tandis que celle des indépendants s’élevait à 68,5%. Néanmoins, les titres produits par les maisons de disques touchent bien plus de contacts avec une part de 73,8% (-2,3%) contre 26% pour les indépendants. L’amélioration de la diversité musicale dans le paysage radiophonique s’est par ailleurs matérialisée par une baisse de la part de diffusion et de contacts des genres leaders que sont la pop et le rock internationaux (19,3% de part de diffusion), la dance (18,8%) et la variété française (16,1%). Le genre pop / rock international a vu sa part de diffusion baisser de 3,9% en 2017, et celle de la variété française a diminué de 1,9%. Dans le même temps, la part de diffusion du rap (10,3%) a progressé de 1,7% et celle de la variété internationale (8,2%) de 1,9%.
