Concentration : la contre-offensive du spectacle public

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©️ SNSP

Le secteur du spectacle subventionné n’aura pas attendu les législatives ni même la nomination du ou de la Ministre de la Culture pour monter au créneau. Le Profedim, les Forces Musicales, le SNSP et le Syndeac s’alignent derrière la bannière de la nouvelle ‘Union Syndicale des Employeurs du Secteur Public du Spectacle Vivant’ (USEP-SV). Un regroupement mettant on ne peut plus en évidence la segmentation entre privé et public.

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Employeurs du spectacle public et entrepreneurs du spectacle ont des positionnements diamétralement opposés. Les producteurs, diffuseurs, gérants de salles et organisateurs de festivals réunis au Prodiss plébiscitent une considération en tant qu’industrie culturelle pour le spectacle musical et variété. La contribution considérable du spectacle en matière d’économie, d’emplois et de retombées pour les territoires sera détaillée et chiffrée en juin par une étude du cabinet EY. En parallèle, les employeurs du spectacle public revendiquent œuvrer pour l’accès à la Culture, pour une création libre et diffusée librement, faisant exception aux lois du marché. Les deux lignes ne sont pas tout à fait incompatibles. Le Prodiss, dont les 350 membres représentent les ¾ du secteur, fait converger la dimension économique avec celle de l’artistique. « Nous avons un mot d’ordre : le développement. Le développement de nos entreprises, et le développement de nos artistes. Création, emploi, compétitivité et diversité sont les piliers de notre secteur. Ils constituent le chemin de fer de notre livre blanc » avait rappelé Malika Séguineau, Déléguée Générale, il y a quelques semaines. La déclaration conjointe des quatre syndicats du spectacle public est néanmoins explicite et acte une opposition entre les deux pôles. En cause, la question de la concentration et la délégation de mission de service public opérées par certains acteurs du secteur privé, et considérées comme menaçantes pour l’écosystème du spectacle subventionné.

Délégation de service public

La feuille de route de l’Union Syndicale des Employeurs du Secteur Public du Spectacle Vivant s’inscrit dans la continuité de celle du Syndicat National des Scènes Publiques évoquée le mois dernier. Les employeurs du spectacle public ont lors de la création de l’USEP-SV désapprobation vis-à-vis des délégations de service public opérées en faveur d’acteurs du privé. Plaidant une incompatibilité entre la mission de l’intérêt général qui est remplie par les 850 membres de la nouvelle union syndicale avec la quête de rentabilité perpétuelle des groupes privés. Et allant jusqu’à dénoncer une « confusion des genres » engendrée par la démarche d’acteurs du privé qui « demandent un accès à la programmation des lieux subventionnés comme on exigerait la concurrence libre et non faussée entre des produits sur un marché ouvert ». L’USEP-SV justifie cette offensive de par le fait que les acteurs du privé, n’assumeraient ni « les missions d’intérêt général et le cadre d’une gestion désintéressée », ni « les cahiers des charges et d’évaluations d’actions qui en sont les naturelles contreparties ». Il faut dire que les effets en termes de concentration du secteur du spectacle qui sont engendrés par les rachats de salles par Fimalac ou Live Nation sont réels.

Des mesures plébiscitées

La CGT avait fait remarquer lors de la conférence du Prodiss au Printemps de Bourges, qu’il serait intéressant de connaître le chiffre d’affaires réalisé par les entreprises appartenant à des groupes. L’organisation syndicale est favorable à des mesures visant à réguler la concentration. Lors de sa dernière intervention, Luc Gaurichon, Président du Prodiss, s’était dit « pas inquiet » à propos de la concentration. Il est vrai que le fait la diversité de la création artistique soit menacée voire déjà impactée est pour l’heure loin d’être une évidence. Mais la progression des parts de marché de plusieurs filiales de groupes privés alimente les appréhensions. Plusieurs recommandations et mesures sont d’ores-et-déjà plébiscitées par l’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant. Les employeurs du secteur public veulent sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité de réaffirmer que les missions de service public leur sont plus ou moins exclusivement consacrées. En matière de diffusion sur l’audiovisuel public, il est clairement évoqué des « obligations d’investissements et d’exposition de l’ensemble des disciplines aux heures de grande écoute et dans des émissions régulières et de qualité ». Mais surtout, l’USEP-SV a fait part de ses intentions de demander des engagements en matière des dotations et en termes de missions de service public. Autant de demandes auxquelles sera confronté le prochain ou la prochaine Ministre de la Culture.

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