Les budgets des festivals ont augmenté de 35% en 6 ans

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L’évolution des budgets des festivals de musiques actuelles sur plusieurs années a été retranscrite dans une étude inédite publiée par le Centre National des Variétés. Parmi les 103 festivals analysés figurent des évènements de tous genres (Marsatac, les Papillons de nuit, Reggae Sun Ska, Jazz sous les pommiers…), en plus des poids lourds que sont les Eurokéennes, les Francofolies et Rock en Seine. Une étude qui, portant sur la période 2008-2014, chiffre les prémices des tendances flagrantes constatées depuis 2015 dans l’écosystème des festivals.

Le paysage des festivals de musiques actuelles étant très diversifié en configurations, en identités musicales et en modèles économiques, il est tout aussi hétérogène en termes de budgets. Le CNV a opté pour une segmentation par « orientation musicale », avec les festivals  payants et avec un budget supérieur à 100 000 euros. D’une moyenne de 860 000 euros, c’est sans surprise que l’on constate que les budgets en fonction des genres de musique varient de 450 000 euros (chanson) à 1,4 million d’euros pour les musiques amplifiées et électroniques. Ces derniers ont d’ailleurs enregistré la plus forte hausse (7%) tandis que de manière globale, les budgets ont progressé de 5% par an soit pas moins de 35% entre 2008 et 2014. Une augmentation générale qui s’explique en particulier par celle des coûts liés à la technique et à l’artistique.

Forte augmentation des coûts de la sécurité attendue en 2016

Les dépenses afférentes à la technique et à l’artistique comptent pour 70% des budgets des festivals de musiques actuelles. Parmi les genres qui accusent les coûts techniques les plus élevés, l’on distingue évidemment les musiques amplifiées et électroniques (45%) ainsi que les musiques actuelles sans distinction (42%). Il faut dire que ce sont les festivals les plus populaires et donc avec d’importantes fréquentations. Pour autant, avec la menace terroriste existant sur l’ensemble du territoire depuis 2012, la priorité de la sécurité est une tendance constatée sur l’ensemble des festivals. Rien qu’entre 2012 et 2014, les prestations liées à la sécurité ont augmenté de 8%. Et c’est une véritable flambée des coûts liés à la technique et en particulier la sécurité qui devrait être constatée sur l’année 2015 et encore plus en 2016 à la suite des attentats du Bataclan et du 14 juillet notamment. Les spectacles sont parmi les évènements publics les plus concernés. D’après Gérard Pont, patron de Morgane Prod (Printemps de Bourges, Francofolies), « après les attentats il y a eu des discussions avec les préfectures quant aux aménagements à effectuer pour renforcer au maximum la sécurité des festivaliers ». Et ces coûts ne sont pas les seuls à peser dans les budgets des festivals.

Les dépenses artistiques en hausse de plus de 20%

L’artistique est l’autre charge principale des festivals de musiques actuelles. Avec environ 30% du budget, elle représente à elle seule autant que le poste qui englobe les « charges autres ». Les festivals de chanson détiennent globalement les dépenses artistiques les plus élevés, 37% des budgets en moyenne. Cela s’explique notamment par les programmations réputées pour être concentrées sur les têtes d’affiche de la chanson française. Entre 2008 et 2014, les dépenses artistiques ont progressé en moyenne de 4%. Si le nombre moyen de groupes programmés était en augmentation il y a quelques années, elle est en recul depuis 2012. Les charges liées à l’artistique sont donc plus importantes suite à la hausse des cachets des artistes. Les montants des contrats d’engagement des artistes et des contrats de cession augmentent de 4% par an depuis 2008, soit 21% en sept ans. Et là encore, les cachets des artistes ont à coup sûr été plus importants en 2015 et en 2016 par rapport aux années précédentes. Une problématique pour les organisateurs de festivals. « Il y a deux ans, quand je payais un artiste 100 000 euros, je trouvais cela énorme. Récemment on a payé un artiste 125 000 euros… Or maintenant certains artistes ne discutent pas à moins de 100 000 euros. On est dans une compétition forte où l’argent prime et c’est une équation extrêmement complexe » commentait Gérard Pont lors d’une des dernières rencontres des professionnels du spectacle. En revanche, les festivals sont loin d’être moins rentables qu’auparavant. Les recettes des festivals de musiques actuelles ont également augmenté de 5% par an soit 35% entre 2008 et 2014. La baisse des subventions publiques constatée il y a quelques années a rapidement orienté les organisateurs des festivals à s’orienter vers l’optimisation de leurs recettes propres. L’ensemble des sources de recettes a d’ailleurs nettement progressé sur la même période avec 6% de recettes de billetterie et 8% de recettes de restauration. De quoi permettre d’amortir les coûts liés à la technique et l’artistique, d’autant que la fréquentation des festivals de musiques actuelles est en hausse quasi-constante.

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